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La colonisation française (1830 à 1962)

Une photographie, une histoire : La classe en plein air de la SAS de Bou Ighzer, tenue par le Sergent Resh

sas2Les sections administratives spécialisées (SAS), dépendantes du service des affaires algériennes institué au même moment, ont été un instrument essentiel de la politique coloniale française en Algérie. 

Créées par Jaques Soustelle en 1955, alors gouverneur général en Algérie; les SAS avaient pour but « officiel » de :  « rétablir l’ordre et la paix non contre la population musulmane, mais pour elle et avec elle« .  En réalité, les SAS furent mises en place pour contrer l’extension rapide de la révolution algérienne, en marche depuis novembre 1954. L’administration coloniale tente de s’adapter pour ne pas perdre définitivement la région et déploie toute une armada d’officiers spécialisés, dont la mission générale serait *« la reprise en main de la population » qui se trouvait en rupture de contact », afin de porter remède à « la carence presque généralisée du renseignement, tant politique qu’opérationnel », telles que le préciseront les directives du 4 octobre 1955. 

Ainsi, les premières expériences s’effectuent dès le début de 1955 dans le massif de l’Aurès, alors principal foyer de la révolution.

La responsabilité d’un chef de SAS s’étend, en moyenne, sur une population d’une dizaine de milliers d’habitants ; la superficie de sa circonscription varie entre une centaine et un millier de kilomètres carrés, les circonscriptions kabyles, les plus peuplées, étant les plus réduites, celles du Sud les plus vastes. 

Les tâches de ces sections administratives ont été précisées par Soustelle, pour qui « il faut reprendre pour ainsi dire à l’envers le travail des fellagas. Ils terrorisent ? À nous de rassurer. Ils désorganisent ? À nous de réorganiser. Ils brisent le ressort des populations pour les empêcher de se défendre ? À nous de leur rendre le goût et la possibilité de résister »Pour cela, « les chefs de SAS exercent les missions de maintien de l’ordre et de « pacification », mais aussi une mission d’administration, dans le cadre de la lutte contre l’insurrection révolutionnaire algérienne,  d’une action psychologique de remise en confiance des populations et d’une action médico-sociale »

D’après le général Partiot, l’action des officiers sous ses ordres doit contribuer à *«élever l’homme, à le promouvoir dans le domaine moral, intellectuel, matériel », de manière à « amener ces populations à la France par le cœur et par la raison ». Pour le commandant Benos, directeur du cours de formation, la pacification, qui exige « la suppression totale de la rébellion », impose tout autant « l’élimination tenace, acharnée »

Outre l’objectif voilé de l’administration coloniale, dont la politique est parvenue à bout de souffle, et qui tente dans un ultime recours de garder la main-mise sur le territoire algérien; on note des aspects encore plus sombres qui rappellent certaines dérives des Bureaux arabes : abus de caisses noires, compromissions et trafic d’influence, violences injustifiées, voire exécutions « discrètes »…

La mission réelle des SAS vise donc à empêcher la perte de l’Algérie, en suscitant, dans les populations algériennes, de nouvelles élites attachées à la construction d’une Algérie liée à la France. Alors que le FLN offre aux algériens l’idéal d’une Algérie débarrassée de l’omniprésence des cadres français, grands et petits, dans une ambiance internationale favorable à la décolonisation. 

Après l’indépendance de l’Algérie demeurèrent un moment en place de simples organes de liquidation des Affaires algériennes

Mira B.G

  • Photographie : « La classe en plein air de la SAS de Bou Ighzer, tenue par le Sergent Resh », tirée du figaro Histoire, spéciale Algérie, janvier

Sources

  1.  Archives  : archivesnationales.culture.gouv.fr Section administratives spécialisées an Algérie
  2. Les sentiers de la paix. Algérie, 1958-1962, Paris, Plon, 1972
  3. Rapport de mission, 21 juillet 1957, Pierre Vidal-Naquet, La raison d’État, Paris, Éd. de Minuit

*1 Aimée et souffrante Algérie, Paris, Plon, 1956, p. 227.

* 2 Allocution à l’ouverture du cours de formation des officiers stagiaires, 1er octobre 1959.

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