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Tiddis, un livre ouvert de 3 000 ans d’histoire à découvrir – Partie I

SAMSUNG CAMERA PICTURES«Bienvenue à Respublica Castellum Tidditanorum l’une des plus vieilles villes puniques, devenue garnison fortifiée de la république antique romaine» c’est ainsi que le guide de la ville antique de Tiddis accueille les visiteurs de ce site archéologique, au nord-ouest de Constantine, et déroule ainsi plus de 3000 ans de l’histoire d’Algérie à ses périodes libyque, punique, romaine et byzantine.

Village berbère à l’origine nommée Taddert ou Ras Eddar, Tiddis, reste une des villes romaines les plus particulières de par sa position géographique mais aussi par l’adaptation au terrain dont ont fait preuve ses bâtisseurs, faisant de cette ville militaire, qui monte la garde face à l’antique Cirta, un site certes romain mais qui n’obéit à aucun des standards de l’architecture de la Respublica.

 Cette ville romaine a été exhumée au début des années 1940 par un archiviste et archéologue amateur français nommé André Berthier  qui a opéré des fouilles sur ce site jusqu’en 1973 date à laquelle les fouilles ont été interrompues par le départ de l’explorateur, et n’ont plus jamais repris.

Ras eddar  comme aiment à l’appeler les habitants de cette localité agricole des Béni Hmidane se voit dès l’entrée du site où une bazina, tombe commune circulaire propre de la période numide de la protohistoire, est clairement visible en plus de quelques dolmens antérieurs ; Noureddine, le maître des lieux aime à rappeler aux visiteurs que des ossements et des fragments de poteries ont été retrouvés dans la bazina et dont les motifs sont perpétués encore aujourd’hui.

Grimper la colline sur laquelle Tiddis  est bâtie en escalier revient littéralement à remonter le cours de l’histoire puisque à peine à une dizaine de mètres de la bazina se dresse l’arc marquant l’entrée de la fortification, romaine qui porte encore les charnières des grandes portes de la cité, et d’où débute le réseau de rues en serpentin au dallage étonnement bien conservé.

Sur les allées dallées se dressent encore des temples, des dessins et des inscriptions dédiés à différentes divinités de l’époque punique, romaine anté-chrétienne puis chrétienne ainsi que des autels de sacrifice.

Au dessus se dresse le plus petit forum de toutes les villes jamais construites par l’empire romain et ce pour des impératifs d’adaptation à la nature du terrain,  s’y trouvent les statuts et dédicaces à Septime Sévère (empereur romain d’origine nord-africaine) et sa famille ainsi que deux arcs perpendiculaires symbolisant le croisement typique entre les deux voies principales divisant les villes romaines.

Comme toutes les villes romaines, Tiddis comporte aussi des vestiges des thermes, d’une villa à mosaïque, ainsi qu’une huilerie et un moulin à céréales qui sont autant de témoins de l’activité économique de la cité à laquelle une tour de surveillance et un rempart byzantins viendront s’ajouter plus tard. 

Même si la vocation première de la ville reste militaire, Tiddis était tout aussi connue pour ses poteries qui se vendaient et s’échangeaient d’une ville à une autre et s’exportait même parfois contenant de l’huile d’olive ou de la semoule de blé, de grand bacs de préparation de l’argile creusés à même le sol et des fours de cuissons témoignent de la prospérité de l’activité

Sur les 40 hectares supposés de cette superposition de villes numide et romaine seulement sept ont été fouillés et les gardiens du site déclarent souvent de nouvelles découvertes souvent  mises au jour par les coulées de boue et les pluies.

Naturellement renforcée, Tiddis, le vieux Constantine était  une ville garnison à même de  protéger les villes de Cirta et de Russicada, visibles depuis la tour de surveillance, en cas d’invasion devrait connaître un programme de réhabilitation par le ministère de la culture dans le cadre des préparatifs de l’événement Constantine capitale de la culture arabe 2015.

Malheureusement les travaux inscrits pour ce site ne prévoient qu’une nouvelle aire de stationnement pour les visiteurs ainsi qu’une clôture qui devrait élargir le périmètre du site alors que Tiddis aurait plus besoin d’une fouille archéologique sérieuse et complète ainsi que d’un grand programme de communication et de mise en valeur en prévision de l’événement puisque même dans l’imaginaire collectif des constantinois Tiddis est aujourd’hui méconnue, même si elle ne se trouve qu’à 30 km du centre ville.

Mohamed Rafik

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1 commentaire

Daïkha Farida 9 février 2015 at 0 h 25 min

Je remercie les membres de l’équipe de Babzman pour le travail d’information et de communication qu’il font et ce dans un domaine qui me tient particulièrement à cœur, celui de la Culture. Votre espace nous accroche à vif, le but est atteint car même si les commentaire ne sont pas nombreux, beaucoup de partages s’effectuent. La réaction est donc là. Bonne continuation.

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