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M’sila, la terre envahie par bien des civilisations

Sidi BodjemlineLa ville du Saint patron Sidi Boudjemline est également celle du plat qui se mange avec un mouchoir, tant il est piquant, le z’viti.

M’sila se situe à quelques 240 kilomètres au Sud-Est d’Alger et à 60 kilomètres de Bourdj Bouariridj, et est nichée sur une altitude de 450 mètres. Cette ville qui fait partie intégrante de la région des hauts plateaux, forme une large dépression au cœur du pays, dont le fond est à moins de 400 mètres. L’agriculture associée à l’activité de l’élevage, restent la source la plus importante dans le revenu des populations locales.

Msila barrage d'eauSituée au débouché du barrage de Ksob. Les nombreuses ruines romaines des débris d’aqueducs et des citernes, attestent que le Hodna  fut exploité pendant de nombreux siècles par des civilisations avancées.

Le mot M’sila signifie, en amazigh, «façonner» ou «aplatir quelque chose», il veut aussi dire «plat» ou «terre plate» (les plaines). Son histoire est directement liée à celle des Hammadites (Beni Hammad), descendants des Grandes tribus berbères de Koutama. Selon d’autres sources, il viendrait du nom féminin berbère, «Tumsilt» ou «tamsilt» «celle qui est bien façonnée», du verbe msel, bien façonner.

M’sila a été créée par Aboul Kassem, de la dynastie Fatimide, en 927. Riche de par son histoire,  beaucoup de vestiges marquent l’existence des berbères, que ce soit à Mâatar, Sidi Ameur, Bousâada ou Tafza. Les traces nombreuses autour des localités de Bousâada attestent du passage de guerriers et de commerçants romains qui avaient choisi Tobna, Magra et M’sila comme sièges des gouverneurs. Les arabes atteignent l’Algérie et la région du Hodna au VIIe  siècle et les villes berbères finissent par s’ouvrir à l’Islam, en raison des schismes inter-chrétiens, mais surtout grâce aux idéaux de justice et d’unicité divine véhiculés par cette religion. En moins d’un siècle, des berbères, fils de chrétiens adoptèrent l’Islam.

Abou Corra, le calife kharidjite de Tlemcen, à la tête de 40 000 soldats, a assiégé Tobna en 765, ainsi que tout le territoire, jusqu’à Herdada, auquel est adossé l’actuelle Bousâada. Redoutables commerçants, les kharidjites créèrent un véritable dynamisme commercial avec le trafic caravanier, livrant les céréales au Tell, le sel du Hodna et les dattes du M’zab, jusqu’à Tihert, alors, capitale du Maghreb el aqsa (le maghreb occidental), au temps des Ibadites.

Kalâat Beni HammadHammad Ben Bouloughine gouvernera, à partir du XIe siècle, tout le Maghreb central, à partir d’Achir, notamment le Hodna. Reconnu maître de Touan, El Mécila, du M’zab, de Achir, de Tihert, et de l’ensemble du Maghreb. En 1007, au Nord-Est de M’sila, il fonda la citadelle, El Kelâa, qui sera très renommée. Hamed, avait donné un cachet particulier à la région, au vu du nombre d’hôtels, foundouq, confortables, de la richesse de ses commerces, la beauté de ses mosquées et l’érudition des oulémas qui vinrent y professer.

La ville a pris rapidement de l’extension, sa population a connu une ère de prospérité et les principales villes du Hodna étaient connues pour leurs activités en agriculture et en élevage. En 1052, les Beni Hillel arrivèrent. Bien qu’ayant résisté à l’invasion, les Hammadides durent être repoussés vers l’Ouest où ils établir leur nouvelle capitale, en 1067. Les principales tribus hilaliennes étaient les Riah, les Zoughaba et les Athbedj, ils avaient détruit et saccagé tout ce qui entouraient les villes occupées par les Hammadides. Dans l’Histoire des berbères, Ibn Khaldoun raconte comment les Beni Hillel avaient poursuivi Nacer le Hammadide qui gouvernait la Hodna et Constantine, jusqu’à Kalâat Beni Hammade et l’assiégèrent, dévastant les jardins et occupant tous les bois qui entouraient la place puis mirent en ruine Tobna et M’sila, dont ils chassèrent les habitants. En réduisant les tribus berbères nomades du Hodna, les Ifren, les Ouémmanau, les Maghraoua et les Illouman; les Hilaliens foulèrent, pour la première fois, la contrée arrosées par l’Oued Bousâada.

Les différentes tribus du Hodna :

Les Riah, les Athbadj et les zughaba s’établirent, alors, au Maghreb. La tribu d’Amer, issue de la tribu Riah, laisse une descendance dans la Hodna, les Ouled Amer. Son nom fut donné à une partie de l’Atlas Saharien : Djebel Ammor.

Au XII et XIIIe  siècles, les nomades hilaliens étaleront leur contrôle sur toute la dépression du Hodna, jusqu’aux montagnes environnantes. Les monts actuels de Ouled Naïel doivent leur nom à l’une des composantes des descendants de Hillal. Avant eux, le Hodna était habité par les tribus des Ouled Farès et des Ouled Aziz.

L’expansionnisme des turcs du Nord vers le centre du pays s’est concrétisé par la mise en place de postes militaires pour mettre fin à l’insurrection et à l’anarchie, avec l’aide de certains chefs de tribus.

M’sila qui constituait un poste avancé, présente quelques indices révélateur de cette présence. La communauté turque habitait un quartier appelé Karghla qui a gardé son appellation jusqu’à sa destruction par un violent séisme, en 1965.

Les deux grandes tribus sont les Ouled Derradj et les Ouled Maddi qui habitent la région du Hodna, regroupe chacune sept factions : Les Mtarfa à M’sila, les Soumâa et les Ouled Addi dans les communes d’Ouled Derradj et Ouled Addi G’bala, les Ouled Nja à Berhoum, les Zouis à Aïn El Khedra, les OUled Amor de Magra et les S’laleha à Djezzar, à Biskra.

Les Ouled Maddi comptent eux aussi sept factions : Les Ouled Ben Khaled, Les Ouled Yahia, les Ouled S’dira, les Ouled Matoug, les Ouled Sidi Hamla de m’cif et les Ouled Mansour Ben Maddi à M’sila.

Outre les tribus, il en existe deux  autres, les Mâadid et les Sahri qui ne font pas partie du Hodna, mais appartiennent à la Wilaya de M’sila.

L’invasion française :

Msila hotelCe n’est que onze ans après l’invasion de l’Empire français, soit en 1841, qu’elle fut occupée par l’armée française. Elle comptait alors, seulement 1 500 habitants, vivant autant du commerce que de la culture et possédait un marché très important et très fréquenté. En 1884, la commune mixte fut créée, et fut commune de plein exercice dans le département de Constantine, arrondissement de Sétif,en 1897.

Rasée à plusieurs reprises et reconstruite à chaque fois, elle connaît une forte expansion vers l’Ouest, depuis le début des années 1970, elle est chef-lieu de wilaya en 1974, ville industrielle et universitaire, M’sila est aussi un haut lieu du patrimoine grâce à sa Kalâa.

Amine-Seka Mounira.

Sources :

  • Dictionnaire des localités algériennes, par Achour Cheurfi – Casbah Editions, 2011.
  • msila-dz.org

 

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