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Les maisons traditionnelles de la petite Kabylie, dernière partie

Dossier du mois

maison 1Une maison

L’escalade vers les sommets est fastidieuse. Le chemin est de plus en plus étroit au fur et à mesure que l’on monte. Les cailloux ont roulés et le parcours est de moins en moins dégagé. Aveu d’un chemin que nul n’entreprend à part les sangliers. Pourtant les maisons au-dessus ont l’air d’être debout. La terre des jardins est nouvellement retournée. L’oued roule dans un bruit rythmé juste en contrebas. Des odeurs de terre mouillée. Des relents de bêtes. Les narines sont titillées par des effluves de printemps. Nous sommes pourtant en janvier. Une première maison se découvre. Une porte en bois massif ferme l’entrée ; le mur de soutènement au-dessus de la porte menace de tomber. Des interstices laissent entrevoir une cour mangée par des plantes sauvages. Mais encore d’autres portes, d’autres ouvertures … A quelques mètres : d’autres maisons, d’autres murs de pierre et d’autres jardins quasi-abandonnés. Une porte de bois est poussée ouvrant le passage vers une cour carrée de laquelle donnent d’autres portes. Certaines pièces sont de dimension identique. D’autres sont plus petites, peut-être destinées aux bêtes de somme. Certaines ont le toit défoncé. On retrouve le bois de peupliers utilisé comme poutrelle pour soutenir la paille puis les tuiles fabriquées localement. Certaines pièces communiquent les unes les autres par une espèce de petite ouverture. Ali Benarab expliquera que l’homme kabyle, chef de famille, a besoin d’avoir un œil sur ses biens : nourritures et bêtes. De grandes jarres en terre ornent les trois coins de la pièce. Elles sont moulées à même le sol donc scellées. L’une d’elle est cassée. Des morceaux jonchent le milieu de la pièce. Les autres sont debout comme des totems. Une petite lucarne en bas devait servir d’ouverture.  Que contenaient ces jarres, des réservées de blé ? De semoule ? On peut également trouver dans certaines pièces, une structure en terre surélevée par rapport au sol d’à peine dix centimètre. Elle prend un angle de pièce et au-dessus des tâches noirâtres témoignant de l’usage de feu. Ce n’est pas un kanoun mais devait servir à faire cuire ou chauffer quelques choses. Ali Benarab, encyclopédie de la région kabyle de Beni Ourtilane, pense qu’il s’agit d’une structure servant à faire cuire le plâtre.

 L’écho des peuples

La visite des maisons kabyles abandonnées donne toujours l’impression d’entrer par effraction. Dans une culture, un logis, une maison 2intimité, une histoire. Les murs peuvent –ils parler ? Savent-ils garder le secret des demeures familiales. L’effraction est consommée dès lors où l’on passe la porte. La poutrelle qui maintient le reste du toit pourrait s’effondrer et venger l’esprit des anciens occupants. On quitte les lieux avec le désir de prendre un caillou ou ces jarres si imposantes et si mystérieuses. Après l’effraction, le recel ! le bruit de l’oued en contrebas rappele à l’ordre. Celui de la nature. Celui des chants des anciens qui désirent demeurer en paix. Laissons l’argile et la pierre se consumer d’elle-même. Et retourner à la source. L’histoire et la mémoire de l’homme commande de rapporter. Quelles furent la vie des kabyles dans ces contrées froides et montagneuses. Quelle leçon pourraient-ils nous léguer ? Les murs n’ont que peu livrés et les paysans ne se sont pas fait l’écho de ces murs non plus. Sauf peut-être un petit peu Da Ali Benarab.

 

Dossier et photographies  de Zineb Amina Maiche

retrouvez ses articles sur https://lesmoutonsengages.com/

 

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1 commentaire

Gagner de l'argent avec la Bourse 5 mars 2014 at 10 h 22 min

Un veritable plaisir de lire cette article, je vous remercie vraiment !!!

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