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Le mausolée numide de Medghassen, situé à Batna .

medLe Medracen (tombeau Imedghassen) ou Medghassen ou Madghis est un mausolée numide situé sur la route de Constantine dans la wilaya de Batna en Algérie, et datant du IIIe siècle av. J.-C.

C’est un gigantesque dôme cerclé de colonnes surmontées, de chapiteaux de style dorique. C’est le plus ancien mausolée, d’époque préromaine, royal d’Afrique du nord. D’après des historiens médiévaux le monument tirerait son nom du nom d’un roi Numide. Le monument a été soumis pour figurer dans la liste du patrimoine mondial par les autorités algériennes en 2002.

Archéologie 
De l’extérieur, Imedghassen se présente sous la forme d’un socle cylindrique, souvent vu comme typiquement berbère et interprété comme une « bazina à degrés », c’est à dire une construction de forme cylindrique surmontée d’un cône formé de gradins, mais à la fois plus grande que les bazinas courantes. D’un diamètre de 59 mètres et 18,50 mètres de haut, le tout en pierre de tailles rendues solidaires par des crampons en bois de cèdre enrobé de plomb…Habillé d’un décor sobre emprunté à la civilisation hellénistique peut-être à partir d’intermédiaires puniques, 60 colonnes doriques surmontées d’une corniche dont la gorge égyptienne réparties entres de fausses portes, sculptées en trois points équidistants. Une plate forme au sommet supportait peut être une sculpture : lions, chariots, statues ailées ou autre sujet.
Le Mausolée Royal de Maurétanie, souvent nommé Tombeau de la Chrétienne est un monument similaire mais un peu plus tardif. Quant aux Djeddars, ils seraient plutôt dérivés des tumulus.
G. Camps (préhistorien spécialiste de l’histoire des berbères) fera un lien entre les trois monuments, le Madracen, le Mausolée Royal de Maurétanie dit le tombeau de la chrétienne et les Djeddars de Frenda à Tiaret, alors que l’auteure (spécialiste de la préhistoire nord-africaine)  Ginette Aumassip, date ces monuments (tombeaux) de plusieurs milliers d’années;  ils serainet donc les plus anciens monuments de l’Afrique du Nord
Le Medracen au moyen-âge
L’historien égyptien du XIe siècle,  Al Bakri était le premier a décrire le monument dans sa description de l’Afrique septentrionale. Il raconte que Madghis était un roi du pays et que dans le passé, un ordre fut donné a un grand nombre d’individus pour détruire le monument mais que le résultat est resté sans succés. Al Bakri parla aussi de beaux bas reliefs qui décoraient le mausolée représentant des animaux divers et couronné d’un arbre ou une structure, nul trace ne subsiste aujourd’hui de tels reliefs.
Ibn Khaldoun rapporte au XIVe siècle que, selon les références d’historiens berbères, Madghis serait l’ancêtre des Numides. Il cite Madghis comme un ancêtre des Berbères de la branche Botr ( botr est le surnom de Madghis : Zénètes, Ifren, Maghraoua (Aimgharen), Dejrawa, Mérinides, Zianides, Wattassides, etc
Les fouilles françaises
Les archéologues du XIXe siècle n’ont rien trouvé du tout, des restes du défunt ni du mobilier funéraire qui devait l’accompagner. Des générations de pillards avaient déjà tout emporté, surtout à l’époque turque. Le sommet du monument, incomplet devait être occupé par un édicule, qui a disparu lui aussi.D’après un bruit qui courait dans la région des Aurès vers 1866 , l’ottoman Saleh Bey, gouverneur de Constantine en son temps, avait voulu entrer de force dans le monument, et a ordonné de tirer au canon sur le mausolée. Cela a été démenti, même si d’autres sources indiquent qu’il y a réellement une brèche dans la pyramide de Madracen et que cela a été le fait de Saleh Bey.Lorsque les Français ont entrepris les fouilles au milieu du 19e siècle, ils ont demandé aux habitants Chaouis l’appellation du monument. Les habitants des Aurès l’appellent Madr- Hazem ou Madrazen. Les Français le nomment Madracen.Une fouille rapide a été entreprise par l’armée française en 1854 sous le commandement de M. Brunon. Quelques pièces archéologiques ont été retrouvées par l’équipe chargée de la fouille dont M. Cahen , celui qui a rédigé un rapport sur la fouille.Les objets trouvés à proximité du monument d’après le rapport M Cahen grand-rabin : des morceaux de silex en plusieurs formes; des collier; du cuir; de la laine; un bout de cuivre; des bracelets et anneaux; un crochet en fer; du plomb; une hachette; des plats en bois et en terre cuite; deux cranes; des ossements; de l’ivoire; une lampe en terre cuite; des médailles, etc.

Les objets en question ont été envoyés au musée de Paris, et ont par la suite disparu du musée de Paris sans aucune explication de la part des responsables.

D’après le zoologue Jules René Bourguignat qui s’était penché sur les antiquités algériennes, le monument appartient à tous les rois Numide, c’est la sépulture des Numides. L’auteur dément catégoriquement que Madracen soit un monument romain, et ajoute que Madracen est un monument Lybique qui atteste l’origine des Chaouis, des Kabyles, etc.

Légende et postérité 

D’après la légende orale, la Kahina ( la reine Dihiya ) venait souvent à cet endroit pour se recueillir devant le mausolée. D’après Ibn Khaldoun, Medghassen est l’ ancêtre de la Kahina en étant d’origine Zénète.

L’aéroport de Batna portait le nom de Madghacen, et l’architecture de son salon d’honneur a été inspirée par le Medracen. Le président Liamine Zéroual avait nommé l’aéroport de Batna à la gloire du roi berbère Medracen, mais, par la suite l’aéroport changea de nom pour prendre celui d’une autre figure algérienne, Mostefa Ben Boulaïd.

Aujourd’hui, La situation appelle l’urgence ! L’échafaudage monté à la fin de l’année 2006 pour la réfection du monument semble s’éterniser après la réalisation soi-disant “des travaux d’urgence” et la disparition du chantier de l’entreprise des travaux de Batna ex-Ecotec, des lieux.

Son chantier s’éternise au risque de coûter cher à sa… valeur historique. En attendant, l’appel d’offres international  et la relance de sa restauration, le tombeau de Medracen, continue à panser ses blessures. Des experts en conservation patrimoniale ont fait entendre leur désolation : le mausolée est sérieusement menacé. Monument Watch, dans un de ses rapports, le classe parmi les 100 sites en danger nécessitant sa préservation.

Sources :

  1. le site de la Faculté des sciences et de la technologie, Université Mohamed Khider de Biskra, département architecture
  2. Wikipédia
  3. Liberté, 12 avril 2009

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