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Le conte du jeudi : L’oiseau vert – Partie II et fin

ois2Après avoir rejoint le monde du oiseau vert, la jeune fille découvrit que c’était un beau jeune homme vivant dans un somptueux palace.

«Je vous ai rejoint,

Dans ce pays lointain

Et nous voici réunis

A jamais, pour la vie …», lui dit-elle avec joie.

Malheureusement, ce bonheur fut d’une courte durée. Le destin implacable allait s’abattre sur les deux jeunes gens. Le roi dont le palais se trouvait en amont de la rivière, préparait les festivités pour célébrer les noces de son fils.  Une belle princesse avait été choisie pour lui par le roi qui en informa son fils par un pli qu’il jeta à la rivière.

Ce jour-là, le prince et sa bien-aimée se trouvaient au bord de l’eau; la jeune fille dormait, la tête posée sur les genoux de son prince. Porté par les eaux argentés de la rivière, le pli scellé parvint en aval, là où se trouvait le palais du prince. Surprise, la jeune fille le prit, l’ouvrit et lut : « Le bain nuptial chez vous, la cérémonie chez nous. ».

Le prince pâlit et comprit l’ordre envoyé par le roi, son père. « Que faire? , se dit-il?, convient-il d’informer sa bien aimée? Serait-il préférable de n’en rien faire? »

Après une longue et douloureuse hésitation, il souleva délicatement la tête de la jeune fille, la déposa sur une pierre et s’en alla sans faire de bruit.

Au contact de sa joue avec la pierre froide, elle se réveilla. Ne trouvant personne, elle fut fort inquiète et se mit à pleurer.

Pendant longtemps, elle chercha le prince et l’appela, mais hélas, en vain! Seul son écho répondait à ses appels …

Soudain, un vieux monsieur surgit du bout du chemin. A son aspect, la jeune fille comprit que c’était un marchand de sel. En effet, à côté de lui se trouvait un ânon chargé de sacs de sel.

Elle s’empressa de lui faire part de l’objet de ses recherches, mais lui répondit n’avoir pas croisé âme qui vive. Il s’enquit alors : « Qui était-elle? Que faisait-elle, là, seule?

« J’était endormie près de la rivière, lui répondit-elle, et à mon réveil, mon compagnon avait disparu. Et toi? Qui es-tu? »

« Je suis le pourvoyeur de sa majesté en sel et je dois me rendre au palais royal, car aujourd’hui, nous fêtons les noces du prince! »

Une immense tristesse envahit le coeur de la jeune fille. Elle comprit que le prince qui convolait en justes noces était son bien-aimé. Elle voulut à tout prix le rejoindre et supplia le vieillard d’accepter de lui donner, en échange de ses bijoux, ses vêtements, son turban, l’âne et son fardeau de sel.

Le vieillard hésita longtemps, mais alléché par le lucre, il finit par céder et lui donna ses habits qu’elle enfila aussitôt, et le vieux monsieur lui indiqua le chemin à suivre pour rejoindre le palais.

Méconnaissable sous son déguisement, la jeune fille passa devant les gardes du palais qui lui ordonnèrent de se présenter vite devant le prince qui, au préalable avait donné l’ordre, dans l’espoir d’avoir quelques nouvelles.

Enfin, parvenue à la salle du trône, elle le trouva assis, la mariée à ses côtés, mais le visage du prince était triste et les larmes brillaient dans ses yeux.

D’une voix tremblante, il lui demanda : « N’as tu pas rencontré, ô pourvoyeur de sel, dans cette contrée quelque mortel? »

La jeune fille lui répondit avec désespoir : »J’ai vu! J’ai vu et admiré une jeune fille étonnante de beauté, assise sur un trône doré … »

Plusieurs fois le prince répéta la question et chaque fois, il obtint la même réponse. Désespéré, le prince sortit dans le parc, et à une branche d’arbre, il se pendit. La jeune fille, voyant son bien-aimé mort, n’avait qu’un seul désir : le rejoindre.

Elle s’adressa au citronnier : »ô citronnier, prête-moi une branche, pour y laisser ma vie! » Mais l’arbre lui répondit : « Non lella, je donne la vie, et prends soin de mes fruits. Mais je crains le châtiment divin … »

Tour à tour, le pommier, l’oranger et tous les arbres qu’elle sollicita lui firent la même réponse. Enfin, elle s’adressa au chêne qui lui tendit sa branche et elle s’y pendit et mourut.

La mariée, intriguée par l’absence prolongée du prince, sortit alors dans le parc et grande fut sa surprise lorsqu’elle découvrit le couple : car la jeune fille lui apparut alors dans toute sa beauté; les haillons et le turban qui la déguisaient étaient tombés à terre, et seulement la cascade de ses cheveux la parait dans une irréelle et éternelle splendeur.La mariée, craignant quelque accusation, se pendit à son tour, à une branche d’arbre.

Alors, vinrent le roi, les convives, les gardes et les festivités se transformèrent en funérailles. On se demanda qui était cette jeune fille si belle et on comprit que c’était le faux marchand de sel.

Les trois jeunes gens furent enterrés dans le parc et sur chacune des tombes alignées, poussa une fleur. Sur celle de la mariée poussa une ronce épineuse, sur celle du prince, un lys et celle de la jeune fille, une rose …

Le jardinier vint un jour à passer par là; un chuchotement de voix l’attira vers les tombes et il entendit des voix ui disaient :  « Un lys, une rose, pourquoi cette ronce près de nous? ». Inlassablement, le lys et la rose enlacés répétaient à l’envie leur murmure amoureux …

Troublé, le jardinier s’empressa d’aller quérir son maître le roi. Celui-ci vint : il vit et entendit le chant d’amour qui venait d’outre tombe et ordonna le transfert de la troisième tombe ailleurs.

Le murmure se tut et le lys et la rose s’enlacèrent pour l’éternité …

  • Adapté de l’arabe au français par Nora Zertal. Extrait du livre Contes algériens – Christine Achour et Zineb Ali-Benali. Editions Média-Plus, Constantine, 2005.

 

 

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1 commentaire

Youcef BERREZOUG 25 février 2016 at 20 h 57 min

J’ai bien aimé le conte d’aujourd’hui Mercii infiniment…
saluation

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