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Le nationalisme algérien (1900 à 1954)

La wilaya VI fait sa révolution

guAhmed Akacem habite la ville de Timimoun dont il a été le maire. Son père, Abddelaziz Akacem, a combattu durant la guerre de Libération. Dans cet entretien, son fils nous éclaire sur les difficultés rencontrées par ces combattants des zones éloignées de la Wilaya VI.

Propos recueillis par Leila Assas

 

Y avait-il des représentations politiques dans la région sud : MTLD, PCA, Oulémas… qui auraient contribué à l’éveil des consciences à la veille de la Révolution ?

 

Il n’y avait pas de représentations politiques à proprement parler mais des militants sympathisants du sud ayant connaissance de ces mouvements servaient de relais. Ils appartenaient à cette minorité lettrée et aisée, composée de commerçants et de propriétaires terriens. La revue El Chihab de l’Association des oulémas musulmans algériens circulait sous les manteaux.

 

Quel était le rôle des zaouïas auprès de la population à la veille de 1954 ?

Les discours religieux et politique étaient liés et enchevêtrés. A travers le travail en amont des zaouïas et Chorfa, axé sur l’identité religieuse nous savions que l’autre (colon) était différent. Et chose très importante, le fait religieux nous distinguait au plus haut point. En effet, la religion faisait office de mur, de barrière sociale contre la culture du colon.

 

Quand et comment le Sud (en tant que zone géographique qui comporte les régions retirées…) a-t-il été informé du déclenchement de 1954 ?

A Timimoun, le 1er Novembre ne fut pas signalé, ni vécu, quelques rares militants furent informés mais nous l’avions pas vécu, ni eu échos de l’évènement. En raison de l’enclavement que l’on sait de certaines régions du Sahara algérien, le relais des informations en temps et en heure fut quasi impossible.

 

La wilaya VI a fait l’objet de moult réorganisations avant une mise sous tutelle d’autres wilayas… Ce serait donc des combattants du nord qui ont géré au départ la wilaya VI. Quand les gens du sud se sont-ils impliqués directement ?

La question de l’organisation et de la réorganisation de la Wilaya VI n’était pas une priorité ; durant la guerre, Timimoun fut annexée à la Wilaya V (Oran) avec laquelle elle entretenait des liens très proches du fait de la «proximité» géographique et socioculturelle entre le Gourara et l’Oranie. Le colonel Lotfi, le numéro Un dans la Wilaya V activait également à Béchar, etc’est ainsi que nous nous considérions comme une extension de la Wilaya V. Pour l’implication directe, il a fallu attendre l’année 1955.

 

La particularité de la Wilaya VI 

La wilaya VI du Front de libération nationale, qui s’étendait sur l’ensemble des territoires du Sud, avait pour centre les localités de Laghouat et de Boussâada. Zone enclavée et éloignée de la Wilaya I, les problèmes liés à l’organisation de la wilaya se posèrent dès le début de la Révolution en 1954. A noter que le découpage du territoire n’a eu lieu qu’à partir de 1956 (Congrès de la Soummam).

L’organisation civile et militaire des six wilayas du FLN (Front de libération nationale) et de l’ALN (Armée de libération nationale) diffère d’une wilaya à une autre, en fonction de plusieurs paramètres géostratégiques liés aux infrastructures, ressources humaines et subdivisions régionales : mintaqa, nahia, kasma et douar. Plongée dans des querelles intestines entre leaders et chefs politico-militaires, la Wilaya VI souffrait d’un flottement et passait sous la tutelle des autres wilayas à maintes reprises.

Leila Assas.

 

Extrait de la revue Babzman, numéro spécial 1er novembre 

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