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Cela s’est passé un 9 mars 1960, Assassinat de l’étudiant algérien Akli Aïssiou, attribué à l’organisation terroriste française Main Rouge. 

main rougeLe jeune Aïssiou, est membre de l’Institut de Médecine de l’Université de Bruxelles, lorsqu’il est tué à sa sortie de la maison pour rejoindre l’hôpital Chirik, poursuivre son travail en tant que médecin chercheur.

L’édition du quotidien liberté du 08 mars 2001, rappelle la solidarité active, des Belges pour l’Algérie indépendante, en publiant des extraits des Souvenirs de Pierre Le Grève, un professeur profondément syndicaliste, qui fut « la cheville ouvrière du Comité (belge) pour la paix en Algérie ». Nous retranscrirons dans cet article, son  témoignage au sujet de l’assassinat d’Akli Assiou.

« À 8h30 du matin, un colocataire entend le bruit d’un corps qui s’effondre dans l’escalier. Il se précipite et trouve Akli Aïssiou presque sans connaissance. Il lui porte secours et donne l’alarme. Aïssiou mourra dans l’ambulance. On s’aperçut qu’il perdait beaucoup de sang et toute la presse affirma qu’il avait été abattu par une balle. On n’avait rien entendu, donc : révolver muni d’un silencieux. Le rapprochement s’imposait avec le meurtre, à Paris, le 24 mai 1959, de Maître Ould Aoudia, avocat algérien du barreau de Paris, qui avait été retrouvé à 7 heures du matin dans un corridor assez éloigné de la porte de son cabinet. On crut d’abord à une crise cardiaque, mais on vit du sang et on parla aussi d’un pistolet avec silencieux. Il faisait partie du collectif d’avocats défendant des Algériens.

En fait, Akli Aïssiou – et probablement Maître Ould Aoudia – ne fut pas tué par un coup de revolver mais par un instrument sophistiqué, breveté en Suisse. Il s’agissait d’une fléchette dont le bout s’ouvrait en harpon, ce qui en rendait l’extraction difficile. Elle était lancée grâce à un appareil de percussion dissimulé dans la manche et agissant sur l’ordre d’une commande placée dans la paume.
C’est Serge Moureaux qui m’expliqua cela, ayant eu, en tant qu’avocat, accès au dossier. Pourquoi aucun des journalistes qui tirent leurs informations des services de police n’a-t-il pas révélé ce détail ? Détail effrayant, puisque, à partir de ce moment, on pouvait imaginer que n’importe quel passant, en étendant le bras, aurait été capable de nous décocher cette flèche mortelle sans que personne ne s’aperçoive qu’il ne s’agissait pas d’un accident cardiaque ».

Ceci est grave : j’avais été averti par un responsable du Front qu’un attentat se préparait à Ixelles. Des militants de passage avaient logé dans une maison de la rue Crespel. Ils avaient été avertis par la logeuse que plusieurs hommes, sortis d’une voiture portant plaque française, s’étaient présentés, l’arme au poing, se disant de la police française et réclamant d’être mis en contact avec ces Algériens.

J’informai immédiatement l’échevin socialiste Wiart qu’un attentat pourrait se produire à Ixelles. Il demanda au commissaire de police d’en informer le parquet. Il le fit et on répondit qu’on était au courant.
Pourtant, la voiture revint plusieurs jours de suite à la rue Crespel et elle ne fut jamais inquiétée. Lorsque j’appris qu’un attentat meurtrier avait eu lieu à Ixelles, non à la rue Crespel, mais à la rue de la Longue Vie, je me rendis au Palais de Justice et demandai à parler au juge d’instruction qui s’occupait de l’affaire. Je passai plusieurs heures dans le couloir à attendre. On vint plusieurs fois m’inviter à dire ce que j’avais à dire à un commissaire. Je refusai, ne voulant parler qu’au juge.

De guerre lasse, on m’introduisit enfin chez lui. Je lui dis que j’avais averti l’échevin d’Ixelles, que le commissaire de police avait prévenu la police judiciaire… On ne prit aucune note, on m’écouta à peine, puis on me dit que je pouvais maintenant aller faire ma déclaration chez le commissaire. Je la fis. Quand je parlais des braqueurs de la rue Crespel se disant policiers français, il me dit qu’il venait souvent « ici » des policiers français, et que, la veille, il en était encore venu et même d’origine algérienne.

Nous avons appris, un peu après, qu’un Algérien, Ali Zouba, avait été surpris à rôder, plusieurs jours avant le meurtre près de la maison où Akli Aïssiou habitait. Or presque immédiatement après le crime, il fut arrêté par la Sûreté et renvoyé avec une douzaine d’autres Algériens. Lors d’une entrevue avec le procureur du Roi concernant l’attentat me visant, je dis m’étonner que ce suspect ait été renvoyé au moment où il eût été intéressant de l’interroger… »

 

Mira B.G

 

 

Source :

  1. le quotidien liberté du 08/03/2012
  2. 50 ans de l’Algérie indépendante : www.Djazair.dz

 

 

 

 

 

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