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Dar Bahri, l’une des dernières Mhella de l’est

dar bahriAutour d’un café dans un hôtel à Bechar figé dans le temps qu’il deviendrait presque un témoin d’une époque révolu des premières années de l’indépendance, il racontait avec une nostalgie prononcée l’un de ces premières grandes scènes lors du premier festival Panafricain d’Alger en 1969 alors qu’il était encore enfant, tenant la mesure pour les ainés de sa famille au Kerktou, un instrument à percussion joué avec des baguettes utilisé dans la diwan et qui est aujourd’hui tombé dans l’oubli.

Avec ce même Kerktou, l’enfant devenu aujourd’hui patriarche de cette grande famille de diwan, perpétue la mémoire de ces parents et ancêtres en présentant cet instrument oublié sur la scène du festival national de musique diwan de Bechar.

La soixantaine entamée, Mohamed el Hadi Hachani dirige aujourd’hui une confrérie familiale vieille de plus de trois siècles, Dar Bahri Ouesfane, qui reste l’une des dernières confréries de diwan encore active dans l’est du pays.
Avec un Koyo Bango d’exception s’exprimant d manière étonnement fluide en dialecte sahélien, un goumbri rond et des jeunes femmes sur scène, la troupe “Dar Bahri Ouesfane” représente les diwans de l’est algérien qui disparaissent un à un au fil du temps usés par le manque de considération à une époque ou la scène et la production musicale s’impose comme reconnaissance en remplacement du rituel et des us et coutumes populaires pour lesquelles ces derniers étaient indispensables.

Cette confrérie très active dans le diwan à Constantine se rapproche aujourd’hui de plus en plus des cérémonies Stambali tunisiennes en plus de celles animé à l’ouest du pays après la disparition des «diar ed diwan» de l’est suite à une interruption du cycle de transmission, de mémoire Mohamed El Hadi Hachani avait évoqué des Mhella à Batna, Tebessa, Guelma, Souk Ahras et Annaba qui ont aujourd’hui disparu.

Cette famille très connue à Constantine continue avec la confrérie de Dar Barnou a perpétué autant que possible la «wâada» et la «nechra», des traditions hautes en couleurs et en sonorité basé sur la thérapie et le partage, qui animent encore parfois les ruelles du vieux rocher tout en continuant à animer de la même manière et avec autant d’authenticité certaines fêtes familiales à la demande des grandes familles de la ville.
La famille organise encore, parfois à la demande des adeptes et initiés, des cérémonies plus restreintes qui se déroulent dans une toute autre ambiance et qui sont dédiées à la musicothérapie et qui se tiennent dans la demeure familiale.

Aussi cette grande famille est devenue au fil du temps un repère dans la Souika de Constantine, la demeure familiale «Dar Bahri» et elle aussi connue de tous et représente un monument culturel à par entière pour les habitants de la ville des ponts.

Située au fond d’une rue marchande très fréquentée, Dar Bahri, une grande demeure mauresque se tient encore hors du temps comme témoin d’une époque complètement inconnue pour au moins une génération, mais qui ne ferme jamais ses portes qu’il suffit de pousser sans attendre de permission pour découvrir cet univers.

Mohamed Rafik

  1. Crédit Photo : APS

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