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Conte: Sadket bint el malik Randjes, koul kelma aliha Dinar – Partie 2 – Le secret

76adaa81b60de2864e5d9ad69ae98586Ali ressentit pour la première fois, une sérénité et une sorte de félicité, sentiments qu’il avait oubliés depuis qu’il s’était plongé dans une vie austère. Orfèvre de son métier, il était à l’abri du besoin.  Il  épousa une fille de noble famille comme l’exigeait son rang social. La fête fut grandiose et dura sept jours et sept nuits. Elle marqua la mémoire des invités qui ne cessaient d’évoquer Selma en termes élogieux, mêlés de prières.

Ali n’oublia pas la promesse qu’il fit à sa sœur sur son lit de mort. Le soir-même de ses noces , il promena sa jeune épouse dans sa grande et riche demeure :

-« Toute la maison est pour toi, Chaima. Tu as la liberté d’en user à ta guise. »

Quand ils arrivèrent au niveau d’une porte close, aussitôt la femme intriquée par son aspect, voulut l’ouvrir. Ali s’interposa en l’avertissant :

-« Garde-toi d’ouvrir cette porte, lui dit-il, sur un ton ferme, je ne te le pardonnerais jamais. »

La jeune femme obéit à cette injonction. Mais comme on sait, il suffisait de l’interdire pour que l’ouverture de cette porte secrète devienne une idée fixe, chez Chaima.

Les jours suivants, du matin au soir, la femme échafaudait des plans pour percer le secret de  la porte close. Chaima essaya par tous les moyens de l’ouvrir mais ne parvint pas à l’branler.  Faite d’une pièce dans un bois lisse et épais, elle était solide et n’offrait aucune prise. C’était une porte faite pour garder un grand secret.

Un jour, Chaima qui se posait la rituelle question «mais où est donc ma clé qui ouvre cette porte ?», une idée illumina son esprit :

Ah ! se dit-elle, c’est Ali qui la garde sur lui, dans l’une de ses poches. J’en suis sûre maintenant.»

Chaima comprit alors, pourquoi  son mari ne se séparait jamais de son gilet. Aussitôt, elle pensa à un plan et le mit à exécution, le soir-même.

Après le dîner, comme d’habitude, elle servit le thé à son mari. Seulement le thé de ce soir-là ne ressemblait au thé des autres soirs. Il avait un pouvoir extraordinaire. Mélangé à un puissant somnifère, le breuvage fit immédiatement son effet sur Ali qui sombra dans un profond sommeil.

Lestement, Chaima glissa sa main dans la poche du gilet et s’empara de la petite bourse qui contenait précieusement, la fameuse clé.

«Ah ! voici donc la clé ! On dirait un bijou ! C’est peu être Ali qui l’a fabriquée. Elle ne ressemble à aucune autre clé de la maison !»

Sans perdre de  temps, elle alla à la porte et chercha longtemps la serrure.  De serrure, il n’y en avait point. Mais lorsque la clé toucha le bois poli, une douce musique se fit entendre et la mystérieuse porte s’ouvrit lentement, pour laisser entrer Chaima.

Une scène incroyable attendait la femme. Une jeune fille d’une beauté extraordinaire dormait profondément, veillée par deux énormes bougies plantées dans de grands bougeoirs. La clarté vacillante de ces étranges cierges illuminait le visage angélique de la dormeuse.

«Ah ! s’exclama-t-elle , surprise par tant de grâce… Mon mari tient caché cette créature en ce lieu mystérieux, entre ces non moins mystérieux candélabres !»

Puis la surprise se transforma en questions pesante :

«Pourquoi ? Qui est-elle ? Que représente-t-elle pour lui ?»

La curiosité et le doute gonflèrent l’esprit de Chaima et lui dictèrent la conduite à suivre.

«Il faut que je sache tout de suite qui est cette jeune fille ! J’en aurai le cœur net», se promit-elle, en sortant de la pièce, laissant la dormeuse aux bougies.

Elle eut l’idée de remplacer la clé par une fausse avant de la remettre dans la poche du gilet de son époux pour ne pas éveiller ses soupçon. Ali se réveilla le lendemain matin, la tête un peu lourde mais sans rien remarquer d’anormal. Il palpa la poche du gilet pour s’assurer de la présence de la bourse.

Ali sorti, Chaima alla aussitôt la jeune fille qu’elle tira de son sommeil, en lui touchant la main avec la clé  enchantée. Le même son musical réveilla la dormeuse. Les deux femmes se saluèrent poliment. Chaima se garda de questionner la jeune fille. Elle lui proposa tout simplement :

«Sors de ton lit, lui dit-elle ! Tu es faite pour vivre au grand jour et non pour dormir constamment dans cet espace réduit, veillée par deux bougies ! Viens partager avec moi, ce que les jours apportent de lumière été de chaleur à la vie de chacun.»

La jeune fille ne se fit pas prier comme si elle attendait ce moment depuis longtemps.

«Je te remercie», répondit-elle, de sa voix douce.

Elle chaussa ses pantoufles de soie et suivit la maitresse de maison qui lui recommanda :

-«Garde-toi  de dire à quelqu ’un ce qui vient de se passer. C’est notre secret.»

Il en sera ainsi, promit la jeune fille qui découvrait pour la première fois le grand jour… A SUIVRE

 

Source: D’aprés  le livre «Contes du terroir Algérien» Volume 1,  Editions DALIMEN

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