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Période arabe (647 à 1518)

Voyage de Al Bakri en Algérie au XIe siècle

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Dans son ouvrage Kitab al masalik wa al mamalik – Livre des routes et des royaumes –, rédigé en 1068, le géographe et historien Abou Ubayd Al Bakri (ou Abou Ubayd Abd Allah ibn Abd Al Aziz ibn Moḥamed Al Bakri) livre une description sur l’Afrique du Nord. Une compilation sur des routes, des lieux, des villes et des pays dont l’Algérie.   

 

L’auteur s’est référé aux récits de marins, de marchants et à différents témoignages. Le périple du natif de Huelva (1040-1094) en Andalousie s’étend jusqu’au Ghana, passant, entre autres, par le territoire « algérien ». Al Bakri écrit que le premier port remarquable, après Alger, est Merça ‘d-daddjadj dans le golfe d’Arzew qui n’est pas sûr et ne doit être abordé qu’en été. Il cite aussi le port de Béjaïa, ville dont les habitants sont des Andalous, soit la période des Hammadites avec le souverain El Nacer en l’an 1067-1068.

Plus à l’est, il y a un bon mouillage, celui de Bône (Merça Bouna). De là partent les galères pour faire la course sur les côtes du pays.des Roum (Europe chrétienne), de l’île de Sardaigne, de l’île de Corse… Bône, la demeure d’Augochtîn (Saint Augustin) jouit des avantages d’une ville de l’intérieur des terres et d’une ville maritime où les négociants sont pour la plupart des Andalous.

Plus loin, Tébessa est d’une haute antiquité et renferme beaucoup de monuments. A Constantine, il y a diverses familles qui ont fait partie des tribus berbères, établies dans Mîla, dans le pays des Nefzaoua et dans celui de Castîliya, mais elle appartient à certaines tribus ketamiennes (de Kutama ou Ketama, tribus berbères dans la région des Babors en Kabylie et du nord-constantinois principalement).  

 Au sujet de Tlemcen, capitale du Maghreb central, la ville aux cinq portes : Bab El Hammam, Bab Ouaheb, Bab El Khoulîlia (guichet), Bab El Acaba (montée) et Bab Abou Corra, elle est le siège de l’empire zenatien, le rendez-vous des tribus berbères, un point de réunion pour les marchands de tous les pays. Une cité qui n’a jamais cessé d’être celle des hommes savants dans la loi et dans les traditions, des jurisconsultes connaissant par cœur les décisions légales fondées sur l’analogie et conformes au système de doctrine enseignée par Malek Ibn Anès.  

 « Oran est aussi une place très forte » selon Al Bakri. Parmi ses fondateurs Mohamed ibn Abi Aoun, Mohamed ibn Abdoun. Egalement Yala ibn Mohamed ibn Saleh l’Ifrenide qui, en mars 955, a transporté les habitants d’Oran à la ville qu’il venait de fonder, connue par le nom d’Ifgan ou Fekkan (actuellement Ain Fekan, localité de Mascara).  

Et pour nous emmener à Alger ou Djezaïr Beni Mezghana, Al Bakri prend la route d’Achir, passant par à El Mediya, la Mitidja et Ighzer. Il affirme que Alger est de construction antique ; elle renferme des monuments anciens et des voûtes solidement bâties, qui démontrent qu’à une époque reculée elle aura été la capitale d’un empire. Le port est bien abrité, il est très fréquenté par les marins de l’Ifrîkiya, de l’Espagne et d’autres pays en ce XIe siècle. 

 

Mohamed Redouane 

 

Source : El Bekri, Description de l’Afrique septentrionale [extrait de Description géographique du monde connu], édition et traduction en français par William Mac Guckin de Slane, Alger, 1858-1859. (Journal asiatique, 12-14) ; nouvelle édition, Paris 1913. Archives de Gallica de la Bibliothèque nationale de France.  

Image : Miniature, XVe siècle, bibliothèque nationale de Paris (C) ARTEHISTORIA

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