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Histoire de l'art

Une peinture, une histoire : Le siège de l’oasis de Zaatcha, du 7 octobre 1849

priseLa reddition d’Abd el-Kader en décembre 1847 ne marqua pas la fin de la résistance à l’occupation française en Algérie.

Pour achever la conquête, l’occupant devait encore soumettre la Kabylie et le Sud algérien. Les oasis tombèrent successivement, mais non sans peine aux mains des Français, parfois après de durs combats : Zaatcha en 1849, Laghouat en 1852, Touggourt en 1854. 

Contexte historique

Alors que la France coloniale vit une période très trouble, des suites de la disparition de la monarchie parlementaire en février 1848, l’Algérie –l’Afrique du Nord à l’époque- est quelque peu délaissée.

Ainsi, le Sud qui était jusque là paisible est sur le point de se soulever après une nouvelle répartition de l’impôt sur les palmiers. Le marabout Bouziane, ancien cheikh de Zaatcha ayant été sous l’autorité des khalifas de l’Emir Abd-el-Kader, réagit et enflamme la population.

Bouziane proclame la guerre sainte et toutes les oasis de la région se mettent en état d’insurrection.

Le colonel Carbuccia se déplace avec ses hommes à Zaatcha pour étouffer la révolte, mais «surpris par la topographie du terrain et la résistance qui lui est opposée au milieu d’une végétation dense, et des murets qu’il faut prendre un à un après avoir délogé les tireurs. Le colonel Carbuccia se retire. Les pertes sont lourdes (…) Il rentra à Batna. »

Passé l’été, le général Herbillon, qui commandait la province de Constantine, entreprit, le 7 octobre, le siège de l’oasis avec 4000 hommes, ainsi que des renforts envoyés d’Alger. Le siège durera jusqu’au 26 novembre et les pertes côtés français seront énormes. Mais la prise du ksar se fera. Et là encore, des scènes terribles seront rapportées. La barbarie, une fois de plus, n’était pas du côté que l’on pouvait supposer…

Analyse de l’image

Le sujet de la colonisation de l’Algérie, fit l’objet de plusieurs commandes de tableau, sous la monarchie de juillet, puis sous la IIe république. Les peintures, véritable outil de propagande d’époque, justifient une guerre d’occupation barbare, par la représentation de scènes militaires françaises glorieuses, sublimées par la présence sur le champs de bataille, de notables représentants français se battant « vaillamment » pour les intérêts de leur nation, sur fond de paysages orientalistes. 

Le tableau dont il est question aujourd’hui, est une huile sur toile, réalisée en 1855 par Jean Adolphe beaucé, et représente la prise de Zaatcha, survenue en 1949 . Dans le livret du Salon de 1857, on peut lire à son sujet : « Le signal est donné. La charge sonne. La colonne d’attaque de droite, composée de deux bataillons de zouaves, du 5e bataillon de chasseurs à pied, de cent hommes d’élite du 16e de ligne et de trente sapeurs du génie, s’élance sur la brèche. Le colonel Canrobert des zouaves marche en tête de cette colonne. Quatre officiers, seize sous-officiers ou soldats de bonne volonté l’accompagnent. Deux de ces officiers sont tués (MM. Toussaint et Rosetti des spahis) ; deux sont blessés (MM. Besson de l’état-major et Dechard des zouaves) ; sur seize soldats douze sont tués ou blessés. L’élan irrésistible de cette colonne contribua puissamment à la prise de la ville. « 

Destinée au musée de Versailles, cette composition rétrospective, payée 3 000 francs au peintre Jean-Adolphe Beaucé, ne fut commandée que sous le Second Empire, pour rejoindre, dans la salle de la Conquête de l’Algérie, la Prise de la Smalah d’Abd el-Kader,  d’Horace Vernet (autre historiographe de la colonisation algérienne), et la Prise de Laghouat par le Général Pélissier, le 4 décembre 1852, du même Beaucé.

Peintre de batailles, Beaucé exposa régulièrement au Salon de 1839 à 1868. L’aisance de ses compositions empreintes de réminiscences de Vernet et la qualité de sa palette expliquent la notoriété de cet artiste, dont les œuvres témoignent d’un talent certain, malheureusement mis à profit d’une propagande, servant à justifier l’innommable guerre d’occupation….!

Mira B.G

 

 

Sources : 

  1. A. CORVISIER (dir.), Histoire militaire de la France, t. 2, 1715-1871, Paris, PUF, 1992.
  2. J. MARTIN, L’Empire renaissant, 1789-1871, Paris, Denoël, 1987.
  3. Z. Merzouk : Cela s’est passé le 07 Octobre 1849, début du siège de l’oasis de Zaatcha, Babzman
  4. Illustration : « Assaut de Zaatcha, 26 novembre 1849, 1855″, huile sur toile, 237 x 388 cm, Jean-Adolphe Beaucé, exposée au Musée national du Château de Versailles

 

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