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« Tislit n Anzar », la fiancée d’Anzar ou le rituel de la pluie en Afrique du Nord- Première partie –

poupeeLes peuplades d’antan vivaient aux rythmes des saisons, et les éléments de la nature étaient aussi craints que vénérés. Ainsi, les mythologies de l’antiquité foisonnent de dieux et de cultes voués à l’eau et à la pluie. Citons parmi les plus connus, Min chez les pharaons, Tlaloc chez les Aztèques, ou encore Zeus, l’emblématique divinité  gréco-romaine. Le panthéon berbère n’est pas en reste, et il a également son dieu de la pluie. 

 

La colère d’Anzar, ou la naissance d’un mythe.

Dans certaines croyances mythologiques (préislamiques), Anzar est le dieu du ciel, des eaux, des rivières, des mers, des ruisseaux, des sources et de la pluie; on le retrouve sous le nom de «Aglid n Ugfur»,  ce qui signifie «le roi de la pluie», et fait l’objet de diverses autres appellations telles que : Anzar Boughenja, Thaslith n’Ounaza, Thaslith n’Ouamen.  

Son culte est célébré encore aujourd’hui, dans différentes régions d’Afrique du nord telles que dans le Rif : Atlas marocain, chez les Beni Senous en Oranie, dans l’Aurès en Kabylie, au M’zab et Tabelbala dans la région de la Saoura; et à Tunis, Gafsa, Matmata et Djerba en Tunisie…

Le rite qui lui est consacré en période de sécheresse, prend sa source dans le mythe de Tislit n Anzar (la fiancée d’Anzar). La légende raconte l’idylle du dieu de la pluie tombé amoureux  d’une belle  jeune fille qui avait pour coutume de nager nue dans les eaux de la rivière de  l’oued Sébaou  (situé au Djurdjura en région de Kabylie).

Subjugué par sa beauté, Anzar s’adressa à elle en ces termes : « Tel l’éclair j’ai fendu l’immensité du ciel, ô Toi, étoile plus brillante que les autres, donne-moi donc le trésor qui est tien sinon je te priverai de cette eau. » Ne se laissant point  charmer par ces mots et se refusant à lui, le maître des eaux  fit entendre sa colère et  sécha les eaux de la rivière. Apeurée, la belle implora « Ô Anzar, ô Anzar ! Ô Toi, floraison des prairies ! Laisse à nouveau couler la rivière, et viens prendre ta revanche». Anzar céda à ses supplications, et les eaux coulèrent de nouveaux.

L’histoire devint une légende, et la légende un mythe… Donnant ainsi une dimension de sacralité et de divinité. Un culte est né. Les variantes de son rituel sont peu marquées d’une région à une autre; et il demeure assurément une constante, celle de la dévotion que vouent les mères nourricières aux liturgies agraires.

A suivre …

Leila A.

Sources :

  1. Mohand Akli Haddadou ,Guide la culture berbère, ed. Talantikit  2010
  2. Benoît F. , « Survivances des civilisations méditerranéennes chez les Berbères. Le mystère de la “nuit de l’erreur” », Rev. anthrop.
  3. Genevois H., « Un rite d’obtention de la pluie. La “fiancée d’Anzar”
  4. Ali Si Smail, Ali Bouheraoua et Malek Abdesselam, « Caractérisation hydrodynamique des sols de la haute vallée de l’oued Sébaou (Algérie) : étude expérimentale, numérique et analytique », Physio-Géo, Volume 7 | -1, 261-283.
  5.  Anzar, mythe clandestin    Détails Écrit par Ameziane Kezzar & Mohand Lounaci /  https://marenostrumarcadia.wordpress.com/category/mythologies/mythes_kabyles/
  6. Camps et S. Chaker, « Anẓar », Encyclopédie berbère, 6 | Antilopes – Arzuges, Aix-en-Provence, Edisud, 1989, p. 795-798
  7.  Marie-Luce Gélard, « Une cuiller à pot pour demander la pluie », Journal des africanistes, 76-1 | 2006, 81-102.
  8. Image : Marie-Luce Gélard, « Une cuiller à pot pour demander la pluie », Journal des africanistes, 76-1 | 2006, 81-102.

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