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Sidi El Houari, le plus vénéré des saints patrons

Sidi El Houari1Considéré comme le cheikh des cheikhs, le savant accompli, le plus vénéré et respecté de tous, Sidi El Houari, saint patron de la ville d’Oran, voyagea beaucoup en Orient et en Occident, sur terre et sur mer, pour « solliciter d’Allah l’entrée dans l’Océan de son unité infinie».

C’est sur les hauteurs de l’Oued Chélif, à Sour Kelmitou, une bourgade située à une vingtaine de kilomètres de Mostaganem, que naît  en 1350, au sein de la tribu des Houara, « le cheikh, le saint, le pôle, le savant accompli » Mohamed Abou Abdallah Ben Omar Ibn Sayyid En-Nas, Ibn Amir En-Nas, El Houari, le saint patron d’Oran.

Avant de s’installer définitivement à Oran, Sidi El Houari, fils de Sidi Omar, chef d’une famille aisée, ira, après une enfance assez turbulente, suivre des études à Fès sous la conduite de cheikhs réputés comme Moussa El Abdoussi et El Qibab. Il se rendra ensuite à Béjaia pour suivre l’enseignement de des maîtres Ahmed Ben Idriss et Abderrahmane El waghlissi. Puis c’est le grand départ pour la lointaine Egypte, avec pour mentor le célèbre El Qarafy, avant le pèlerinage et les séjours studieux à la Mecque, à Médine, à El Qods et à la mosquée des Ommeyyades de Damas.

Dans tous les pays qu’il visita Sidi el-Houari chercha à fréquenter les savants, à assister aux cours des maîtres réputés pour leur savoir et la notoriété de leurs œuvres. Dans les zaouïas et les mosquées, les écoles religieuses et les universités on le vit assidu, passer des heures-et parfois des nuits entières-à recevoir des cheikhs (ou piliers de la chariaâ et de la sunna) la lumière de la Connaissance; les bibliothèques l’attiraient comme le miel, les abeilles. A Damas, il participa, semble-t-il, à des «samaâ», ces sortes d’assemblées restreintes où des maîtres de la pensée soufie présentaient leurs derniers écrits devant un aréopage de savants choisis.

Ses nombreux voyages à travers le monde avaient pour objectif de « solliciter d’Allah l’entrée dans l’Océan de son unité infinie», comme il le précisera plus tard dans son traité « Assahw wa At-Tenbih » (L’Oubli et l’Avertissement).

Après ces années de formations, il fera une retraite dans les bois où il vivra parmi les lions et les animaux féroces. C’est ce que nous apprend Ibn Maryem Ech-Chérif El Melity dans son El Bostan ou Jardin des biographies.

Fort d’une grande connaissance en théologie, en fiqh, en littérature, il s’installera dès lors à Oran où il fondera, avec Et-Tazi, une zaouïa près du Vieux Château. Doté notamment d’une bibliothèque, d’une grande médersa, de jardins, de salles d’hébergement et de restauration, elle accueillera de nombreux étudiants venus de tout l’Ouest du pays. Le vêtement, l’habit, celui du pauvre mais lumineux, ce froc que l’on revêt selon un rite précis, était-il celui du mystique, du soufi que fut Sidi El Houari, grand admirateur de Sidi Boumediene l’Andalou, le saint patron de Tlemcen. Sidi Boumediene, dont les prières faites sur son tombeau, nous dit Sidi El Houari dans son traité, sont toujours exaucées, fut l’interlocuteur, trois siècles plus tôt, au Maghreb, de la mystique Qadyri fondée par Abdelkader Djilani, né au Ve siècle et mort à Bagdad en 1165-1166.

A Oran donc, Sidi El Houari se voue entièrement à l’étude de la science divine, à la pratique du bien et à l’exercice de la perfection dans toute sa conduite ; c’est ainsi qu’il se rendait utile à tous ceux qui avaient le bonheur de l’approcher. Vers la fin de sa vie, la plupart de ses discours, dans ses conférences, roulaient sur l’annonce de la miséricorde et de la clémence infinies de Dieu.

Considéré comme le chef des mystiques, on dit qu’il était le cheikh des cheikhs, la langue de la vérité, le chef de ses émules, le sage de son époque. Il était tant vénéré, que pour le visiter et lui présenter ses hommages, sidi Lahcên ben Mekhlouf se rendit à pied et pieds nus, des portes de Tlemcen à sa demeure à Oran. C’est ainsi, dit-on, que les saints ou ceux qui ont goûté quelques-unes de leurs grâces savent apprécier le mérite des saints.

Parmi les amis, les proches compagnons de Sidi El Houari, Sidi Ibrahim Et-Tazi, qui fut son disciple, est indissociable de son œuvre d’enseignement et de propagation de la foi. Ibn Maryem rappelle dans son Bostan que ce « soufi, ce docte imam, fut un éloquent poète, un saint à la conscience délicate et scrupuleuse, un pieux ascète, un homme de bon conseil, un contemplatif, le chef des mystiques, l’auteur de prodiges et d’actes merveilleux ». Originaire des Béni-Lent, tribu berbère de Taza, cette « sommité dans les sciences coraniques, du droit et ses fondements, de la théologie » étudia à La Mecque, à Médine, à Tunis et à Tlemcen. A Oran, il rappela ‘les hommes à l’étude des choses humaines et divines et les fixa dans le pays de la science, loin de laquelle ils erraient avant lui ». Il forma, à son tour, de nombreux disciples réputés comme Es-Senouci, Ali Et-Talouty et Ahmed Zerrouq.

Sidi El Houari s’éteignit à l’âge de 89 ans, le 12 septembre 1439, le règne du célèbre roi zianide Abou el-Abbes Ahmed dit le Sage, fils de Abou Hammou Moussa II. Il est inhumé dans le mausolée de la rue du Vieux Château, dans le vieux quartier qui porte son nom aujourd’hui.

Synthèse Babzman

Sources :

  • « Dictionnaire encyclopédique de l’Algérie », par Achour Cheurfi. Editions ANEP, 2007.
  • « Sidi El-Houari : Le sage de son époque », par Omar Dib. Publié dans Le Quotidien d’Oran le 12 – 09 – 2010.
  • https://www.vitaminedz.com

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