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Patrimoine en danger

Monuments funéraires royaux en Algérie Partie 9 suite et fin Les Djeddars de Frenda les monuments berbères les plus récents restent les moins connus

djSi les monuments funéraires royaux les plus célèbres en Algérie sont toujours assimilés à des influences architecturales mixtes entre berbères, grecques ou romaine comme pour le tombeau de Massinissa ou celui de Cléopâtre Séléné il est une période qui reste des plus sombres de notre histoire et des moins documentées une période charnière entre la présence sur le territoire de l’actuel Algérie de deux civilisations diamétralement opposées du point de vu religieux, architectural, linguistique et culturel.

De cette période coincée entre le départ de la civilisation romaine et l’arrivée des premiers arabes et l’avènement de l’Islam nous avons tout de même hérité du plus récent monument  royal berbère connu et qui semble synthétiser tout les aspects architecturaux des tombeaux connus tout en présentant une certaine singularité peut être due justement à l’absence d’influence externe et à un cumule de savoirs.

Bâtis à l’époque des roitelets berbères entre 420 et 670, les Djeddars ou Adjeddars seraient la « forme magnifiée » des tombeaux de pierre sèche connus dans le nord de l’Afrique depuis six mille ans reconnaissables par leur soubassement carré et une élévation pyramidale, les Djeddars se situent sur Djbel Lakhdar et Djbel Araoui dans la localité de Frenda.

Les djeddars, situés à trente kilomètres au sud-ouest de Tiaret, forment deux groupes séparés de six kilomètres. Trois djeddars (classés A, B, C) se trouvent sur le djebel Lakhdar, et les dix autres (D à M) sur le djebel Araoui. Les dimensions de leur base carrée varient de 11,50 mètres de largeur pour le djeddar B à 46 mètres pour le djeddar F, dont la hauteur pouvait atteindre 18 mètres à l’origine.

Le plus ancien des djeddar (nommé A) date du Ve siècle et comporte une inscription latine concernant un haut personnage, peut-être romano-africain. La construction des treize djeddar répertoriés s’échelonne sur deux siècles. L’ornementation présente des formes géométriques (rosaces, étoiles, chevrons), des signes distinctifs chrétiens (colombes entourant un calice), et des représentations d’animaux déjà présentes à la préhistoire (bovins, chevaux, lions, etc…). 

Dans les années 1970 l’archéologue Fatima Kadra, première femme archéologue algérienne disparue en 2012 avait beaucoup travaillé sur les Djeddars qu’elle avait fouillés pendant plusieurs années souvent accompagnée d’archéologues européens.

Les fouilles avaient révélé  l’existence dans le djaddar A d’un système de galeries comportant huit salles qui entourent la chambre funéraire centrale, ornées de sculptures en bas-relief d’animaux et de scènes de chasse. Il est le seul des djeddars à posséder une enceinte extérieure comprenant un petit édifice pour le culte.

Dans les montagnes de Frenda le temps et l’usure ont déjà fait leur œuvre sans oublier la végétation luxuriante dans la région qui rend l’accès de plus en plus difficile même si les tombeaux restent une destination de villégiatures  au printemps. 

Mohamed Rafik

Illustration : Photographie de Yann Arthus Bertrand

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