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Mode et beauté d'antan (Zine Zman)

Mode et apparat de la jeune mariée algéroise

femmeAutrefois, le huitième jour après les noces, la mariée dans une tenue particulière était présentée à la famille et aux invités au cours d’une importante cérémonie.

La première pièce de vêtement était constituée d’une immense chemise blanche, aux manches de soie rouge qui apparaissaient aux emmanchures de la ghîla, de la frîmla, ou du qaftân court.  La ghîla non boutonnée était faite de velours rouge sombre, enrichi de broderies de fils d’or.

Un ample et long pantalon (saroual ) de teinte unie, coulissé aux chevilles, lui couvrait le bas du corps; une foûta tissée d’or, nouée à la taille, recouvrait ce sarouel.

Coiffure et maquillage (XVIII-début du XXe)

On coiffait ensuite la mariée de la çarma tronconique surmontée d’un petit plateau débordant. Cette coiffure apparaissait transpercée d’épingles trembleuses (ouardat). 

Les cheveux étaient partagés en de nombreuses petites tresses, dont les extrémités étaient retenues par de fins rubans de soie rouge; on gardait les deux premières nattes pour les nouer sous le menton, puis on procédait à un maquillage plein de fantaisie et d’originalité.

Le teint clair étant un critère de beauté, on recouvrait le visage d’une crème blanche, prête à recevoir le vermillon des joues. Les sourcils étaient réunis par un trait noir (h’arqoûs), et les joues ornées de petits triangles dorés, striés de rouge, qui lui illuminaient le visage. Sur le front et aux commissures des lèvres carminées, de petits dessins géométrique rouges et or; faits de paillettes (lot’ma), finissaient de parfaire ce maquillage, bien mystérieux.

Les dents étaient tenues bien blanches, parla mastication du sioûak, écorce de noyer. Les ongles, les plantes des pieds et les mains (jusqu’au coude au XVIIe siècle) étaient souvent passées au henné (cypus des anciens).

Les chevilles de la mariée étaient ornés d’anneaux, rdîf, et ses pieds, chaussés de  qabqâb.

Évolutions et modes nouvelles (XXe)

Dans la première moitié du XX e siècle, la mariée moderne mettait au-dessus de sa chemise (moins ample), un caraco de velours sombre, richement brodé d’or, tant sur les manches que sur le corps du vêtement. Son sarouel de velours était lui aussi moins large, et plus long qu’au siècle précédent.

Dès le lendemain de la cérémonie, la mariée revêtait une riche foûta de tissage doré, sur la tête la çarma avait disparu pour être remplacée par un voile léger, retenu sur le front  par un diadème à pendentifs de perles et de diamants (khît-er-rouh : fil de l’âme).

Après la deuxième guerre mondiale, le voile fit place au très joli fichu triangulaire (mh’arma), de tissage doré ou blanc à bandes d’or, garni de franges.

Autour du cou, certaines mariées passaient un premier collier de pièces d’or (chentoûf) puis, descendant plus bas, un ou plusieurs sautoirs d’or appelés selsela.

Les qabqâb ne se portaient plus, et furent remplacés par les gracieuses babouches (balgha), ornées de broderies d’or et de perles, scintillaient à leurs pieds et des anneaux d’or massif (rdîf) entouraient leurs chevilles. 

Les cheveux n’étaient plus nattés, mais montés en chignon. Des guiches sur les tempes succédaient aux deux tresses nouées sous le menton, que l’on pouvait parfois encore voir dans les toutes premières années du XX e siècle, il en est de même pour le maquillage particulier qui les accompagnait. Les joues étant alors couvertes seulement de paillettes d’or, et les sourcils soulignés d’un large trait rouge.

Après le mariage, la jeune femme pouvait porter, dans les fêtes et les visites, le très élégant fichu de tête (mh’arma) fait de soie blanche, rayée d’or, et auquel la jeune fille n’eut jamais droit.

Mira B.G

 

Sources :

  1. G. Marçais, le costume musulman d’Alger, Paris 1930
  2. St Millot, Afrique du nord illustrée, 1921
  3. P. Pichault, le costume traditionnel algérien
  4. Illustration : femme en visite : Elle est vêtue d’une ghlîla de soie rouge dont les emmanchures laissent passer les manches de tulles adaptées à la chemise. Une foûta rayée est drapée autour des reins et recouvre en parite le pantalon. Elle porte des bas blancs et est chaussée de chebella. Sur la tête la grande çarma en demi-tronc de cône et son fond couvrant le derrière du crâne assujettie  aux deux foulards (XIXe)

 

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1 commentaire

Karima Kebir 10 janvier 2015 at 3 h 15 min

Un grand bravo au staff BABZMAN qui s’est surpassé avec cet article sur la mode algéroise du xx siècle et bien avant. C’est la première fois que je visite votre site et ce ne sera, certainement, pas la dernière. Bonne continuation à tous et meilleurs vœux pour 2015.

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