L’islamisation du Royaume du Manding* du Mali a eu lieu en 1050 par les Almoravides (confédération de tribus amazighes du Maghreb). Depuis, le royaume a entretenu des relations privilégiées avec les sultans du nord, alternant alliances et des rivalités.
Les principales sources écrites au sujet de ce royaume, nous viennent d’historiographes arabes, et amazighs de langue arabe, tels qu’Ibn Khaldoun, Ibn Batouta et Al-Omari.
Alliés économiques, et vassaux
Le royaume du Manding prospère sous le règne du Mansa* (Moussa appelé aussi Kankan Moussa), c’est-à-dire de 1312 à 1337. Il est considéré selon les historiens comme l’homme le plus riche de tous les temps, une richesse acquise par le commerce transsaharien. En ces temps-là, Tombouctou est parvenue à s’ériger en pôle d’érudition, medersas et mosquées sont construites partout dans le royaume; et le plus emblématique de ces édifices, encore existant de nos jours, est la mosquée de Djingareyber. Un chef d’œuvre de l’architecte andalou Abu Ishak el-saheli.
Mansa Moussa contrôle les routes transsahariennes du commerce, et du savoir; reliant ainsi l’Afrique subsaharienne à l’Afrique du nord, en pourvoyant les uns de sel, d’épices, d’étoffes et de livres; et les autres en or des mines de Bouré (Guiné) et en esclaves. Il assoie, ainsi, une constante domination sur les provinces voisines, et force le respect de ses homologues du nord avec qui il entretenait des relations diplomatiques. Ainsi, plusieurs principautés rivales du nord, telle les Almohades, Hafsides, les Mérinides et les Zianides, ont souvent disputé ses faveurs et sa protection.
Connu pour sa piété, son célèbre pèlerinage à la Mecque en 1324 est relaté comme étant un majestueux périple, à la fois solennel et diplomatique. Il passe par le Touat, où les chroniqueurs font mention d’une maladie qui aurait frappé beaucoup de ses domestiques ce qui les contraint d’y demeurer. A son retour des Lieux Saints, il fit la rencontre, à Ghadamès (Lybie), d’ El Mâmer, descendant des Almohades qui de coutume réside à la région du Zab à Biskra, ce dernier sollicite Moussa Kankan pour lui octroyer une armée afin de conquérir Ouargla. Moussa consentit à condition que ce dernier vint la chercher lui-même au Mali.
Il fut aussi un grand ami de la dynastie berbère des Mérinides, il dépêche ses ambassadeurs de féliciter Abu Hassan suite à sa victoire sur les Zianides et la prise de Tlemcen en 1337. Ce jeu d’alliance s’est pérennisé par les successeurs de Mansa Moussa. Maurice Delafosse, s’appuyant sur les Prolégomènes d’Ibn Khaldoun relate ceci : « Au moment de la mort de Kankan-Moussa, l’empire du Mali avait atteint des dimensions, une renommée et une puissance considérables. Gao, Tombouctou, Oualata, Araouan, Tichit, Tadmekket, Takcdda et Agades reconnaissaient la suzeraineté de l’empereur mandingue et lui payaient tribut, [ ] et les tribus berbères fournissaient des contingents à l’armée mandingue » .
Leila Assas
Mansa*, Roi des rois, titre honorifique en langue mandingue.
Mandingue pour la langue et manding pour le pays, sont usités pour désigner le Mali et sa langue.
Bibliographie :
- John Iliffe, Les Africains, histoire d’un continent, Flammarion, Champs-histoire n° 881, Paris, – 2009 (2e éd.)
- Becker C., 1991, Vestiges, peuples et civilisations protohistoriques de la Sénégambie. Bibliographie. Dakar, ORSTOM-CNRS : 27 p.
- Maurice Delafosse, Soudan Français, Le pays, les Peuples, les Langues, l’Histoire et les Civilisations, sous la direction de M. le Gouverneur Clozel , Ed, Emile Larose, Paris, 1912
- Isée B., Claire K., Marianne L. L’Afrique au Moyen Age :L’empire du Mali au XIIIe-XIVe siècle
- Illustration 1: Gulliver Books, Harcourt Inc, 2001
- Illustration 2: Altas Catalan, Cartographie ( 1375)