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Le conte du jeudi – La fille du paysan et le sultan…

Il était une fois, dans un royaume lointain, un Sultan épris de la fille d’un paysan. Il l’aimait tant qu’il finit par l’épouser à condition de ne pas intervenir dans les affaires du royaume sans y être invitée! La jeune femme accepta sa condition et les amoureux se marièrent.

Intelligente, belle et raffinée, la jeune femme, au bout de quelques temps, arriva à trouver la solution  subtile pour s’ingérer dans les affaires du royaume. Pour se trouver un vizir, le grand sultan posa une énigme à ses sujets :
– C’est un arbre qui possède douze branches ; chacune des branches comporte trente feuilles et chacune des feuilles renferme cinq graines ! Sera mon vizir celui qui, dès demain, me rapportera la réponse. Il arrivera au palais nu et habillé à la fois ; transporté et marchant à la fois.
Parmi les hommes se trouvait un paysan ambitieux. Il courut consulter sa fille qu’il savait intelligente. Sans hésiter, elle lui dévoila la solution:
– Père ! L’arbre représente l’année, les branches les douze mois, les feuilles les trente jours. Quant aux graines, elles sont les cinq prières quotidiennes qu’effectue le musulman.
– Mais comment être nu et habillé à la fois ? Comment me déplacer à pied tout en étant transporté ?
– C’est simple. Demain, très tôt tu t’habilleras du seul vêtement que je vais te confectionner à partir d’un filet de pêcheur. Tu seras donc à la fois habillé et nu. Ensuite, tu n’auras qu’à monter sur notre jeune baudet. Comme tu as de longues jambes, elles toucheront le sol. Tu seras donc à pieds et à dos d’âne.
À l’aube, le paysan triompha et le sultan qui apprécia son intelligence, en fit son vizir. Ainsi, le nouveau vizir gouverna grâce à l’aide discrète de sa fille. Mais, avec le temps, le sultan qui était un homme d’esprit eut un doute à son sujet. Un jour, il l’interrogea :
– Voilà un moment que je t’observe. Tes solutions, bien qu’efficaces ne me semblent pas être le fruit d’une intelligence masculine. Éclaire-moi par la vérité et tu seras pardonné. Si je découvre que tu m’as menti, je te ferai couper la tête.
Le vizir, confus, avoua :
– Sire ! Je vous demande pardon. C’est ma fille unique qui me conseille.
Le monarque, qui n’avait pas trouvé la femme de ses rêves, lui pardonna et lui demanda la main de sa fille. Cette dernière accepta. Mais le sultan exigea d’elle de ne jamais intervenir dans les affaires du royaume sans y être invitée. Elle en fit serment. Le temps s’écoula dans l’harmonie et le respect des convenances, jusqu’au jour où un verdict injuste rendu par le sultan suscita le courroux de la jeune femme. Un pauvre paysan se trouva dépossédé de son ânon par un riche marchand qui prétendait que cet ânon était né de sa mule. Or, le sultan avait donné raison au marchand bien que chacun sut que les mules sont stériles.
Le paysan débouté, l’air attristé, quittait le palais, quand la sultane l’interpella, de sa fenêtre :
– Hé ! Homme de bien ! Approche, je vais t’aider à récupérer ton animal.
Intrigué, le paysan écouta attentivement le conseil qu’elle lui souffla, et le sourire aux lèvres, il s’en retourna dans la salle d’audience et demanda la parole :
– Sire, j’ai oublié de vous signaler un autre étrange phénomène dont j’ai été témoin.
– Lequel ? Parle vite !
– Un banc de poisson paissait dans le champ du marchand !
– Des poissons qui paissent ? Tu te moques de moi ?
– Ô grand sultan ! Pourquoi ne pas admettre que tout peut arriver à l’époque où les mules mettent bas ?
Le sultan admit son erreur et fit restituer son bien au paysan. Non sans exiger de lui une explication :
– Dis-moi ! Pourquoi t’es-tu ravisé ? De qui tiens-tu ces répliques astucieuses ?
– D’une aimable femme du palais à sa fenêtre, Sire.
Le sultan, furieux, se précipita auprès de son épouse :
– Tu as rompu le pacte. Tu es intervenue dans les affaires du royaume sans que je te le demande. Emporte tout ce à quoi tu tiens et quitte ce palais dès demain matin.
La jeune femme accepta sans broncher la décision souveraine. Pour leur dernier dîner, discrètement, elle versa une poudre soporifique dans le café du sultan. Dès qu’il sombra dans un sommeil profond, elle l’enferma dans un coffre et l’emporta avec elle. Le lendemain, lorsque le sultan ouvrit les yeux, il fulmina :
– Que fais-tu encore à mes côtés ? Ne t’ai-je pas ordonné de t’en aller ? Mais, où suis-je ?
Elle répondit d’une voix tendre :
– Monseigneur ! Je suis partie. Et tu as bien précisé que je pouvais emporter avec moi tout ce à quoi je tenais, n’est-ce pas ? Et comme tu es mon bien le plus précieux, c’est toi que j’ai emporté !
Le sultan, désarmé, ne put retenir un sourire affectueux. Il dit alors avec douceur :
– Mon épouse ! Je dois admettre que tu es vraiment subtile et sage. Je te décharge désormais de ton serment car tes conseils me sont les plus précieux. Retournons chez nous à présent !

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