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Histoire d'Algérie Le nationalisme algérien (1900 à 1954)

L’amertume des “novembristes” des Aurès

Témoignages de Moudjahidine

L’amertume des “novembristes” des Aurès

Kidour Djoudi et Ahmed Guedda témoignent de cette nuit qui changera le destin de l’Algérie, mais non sans des regrets de constater que 60 ans après, la Révolution reste inachevée.

Premier Novembre 1954. Les Aurès ont vu naître, cette nuit, l’étincelle de liberté du déclenchement du combat libérateur. Aujourd’hui, 60 ans après, des frères d’armes s’en souviennent encore. Parmi ces hommes, Kidour Joudi, 90 ans, originaire de Kimel (Khenchela). Il nous raconte, dans le détail, comment il a pris part aux premières attaques de Novembre 1954.
“Nous étions déjà bien préparés à Kimel, car nous avons été informés secrètement que quelque chose se préparait, sauf que nous ne savions pas de quoi il s’agissait exactement. Si ma mémoire ne me joue pas des tours (rire), nous étions 130 jeunes djoundis. Nous avons marché toute la nuit du dimanche (veille du 1er Novembre) jusqu’au village d’Ouled Moussa, où les grands responsables nous attendaient. Mostefa Ben Boulaïd, commandant de la zone Aurès, Adjel Adjoul et Chihani Bachir ont fait une inspection des rangs, choisi douze hommes. Je crois que nous étions les plus jeunes, car je faisais partie de ceux qui ont été choisis. D’ailleurs, je me souviendrai de leur nom jusqu’à ma mort. Si Mostefa Ben Boulaïd nous a demandé de le suivre jusqu’à une chambre où il y avait des armes et nous a demandé de choisir. Ensuite, il nous a parlé de notre mission, qui consistait à attaquer la caserne des spahis à Batna. C’est ce que nous avons fait, nous avons réussi à éliminer deux sentinelles vers 2h30 du matin. Nous étions loin et bien à l’abri quand les renforts de l’armée française sont arrivés sur les lieux. Nous avons marché trois jours, car nous avions reçu des instructions de ne pas nous arrêter, c’était très dur”, raconte ammi Joudi. Ce dernier n’était pas le seul à se souvenir de cette nuit-là. Ahmed Guedda, âgé, aujourd’hui, de 81 ans. Ammi Ahmed n’avait pas attendu le 1er Novembre pour prendre les armes. Il est monté aux maquis dès 1947. Considéré comme un proscrit (bandit d’honneur), car il était déjà condamné à mort, lui et ses compagnons d’armes, à l’exemple de Hocine Berhal. “En 1947, j’étais déjà au maquis sous le commandement de Hocine Berhal, et nous étions sans pitié avec les collaborateurs et les traîtres. En 1948, Benzelmat Messaoud 2 (car il y en avait un autre), Chebchoub Sadek, Grine Belkacem, Oussaf Mustafa et moi-même avions été appelés par Mostefa Ben Boulaïd. Il préparait déjà la population et demandait aux habitants des villages de se procurer des armes et de les cacher jusqu’à nouvel ordre. Au mois d’octobre 1954, nous nous sommes réunis avec Si Mostefa et nous avons prêté serment de ne pas trahir et de ne pas divulguer le secret. Le 26 octobre 54, nous avons reçu des armes (26 fusils) et aussi l’ordre d’attaquer la gare de la ville de Biskra, et c’est ce que nous avons fait. Même si l’opération ne s’est pas déroulée comme prévu, nous avons réussi à semer la terreur dans les rangs de l’armée française. Une semaine après, jour pour jour, nous avons rencontré Mostefa Ben Boulaïd et Chihani Bachir, qui nous ont félicités”, nous dira ammi Ahmed qui se souvenait, comme si c’était hier, de l’arrestation du chef de la Wilaya I, sa fuite de prison d’El-Koudia (Constantine), sa mort tragique, la rencontre avec le colonel Amirouche à Guenzet, etc. Aujourd’hui, plein d’amertume, il regrette l’après-Indépendance, car ils sont beaucoup, selon lui, à ne pas avoir respecté le serment.

R H

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