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El Hassaniya ou « klâm hassân » le parler des tribus maures de Tindouf

hassLangues et patois en Algérie gravitent autour de la darija, un dialecte qui cristallise l’évolution du plurilinguisme de ce pays si éclectique. Du Maghreb au Sahel, la linguasphère démontre que «les frontières politiques des États ne coïncident pas toujours avec les frontières linguistiques».

Ainsi, Tindouf en est un éloquent exemple; située à l’extrême sud-ouest algérien, et à 1 460 km au sud-ouest de la capitale Alger, cette oasis est « un nerf à vif à l’articulation de l’Algérie, du Maroc, de l’ex-Sahara espagnol et de la Mauritanie», souligne Vergniot Olivier. Elle demeure un axe caravanier, marqué par  un bain linguistique très riche fortement imprégné des influences de la Mauritanie et du Sahara Occidental, avec qui nous partageons le dialecte arabe des tribus maures arabisées, «El Hassaniya».

El hassaniya, origine et mutation : 

Ce parler, issu des langues chamito-sémitiques, dont  la structure phonétique est très proche de  l’arabe  classique, est pratiqué en Algérie par la tribu maure des Tajakant, fondatrice de la ville de Tindouf en 1852; ainsi que par la tribu des reguibets l’Gouacem qui s’y installent en 1896. Ces deux tribus rivales connues pour leurs passés glorieux évoluent dans un  territoire de nomadisme très vaste, au-delà des frontières des Etats actuels, « un territoire sans maître » parcouru ou habité par des groupes ethniques variés et mobiles, berbères, soudanais, peuls ou bédouins arabes ». Leurs relations étaient régies par un jeu d’alliances, sur un un territoire qui englobe de nos jours l’ex-Sahara espagnol (République Arabe Sahraouie Démocratique) et la Mauritanie ainsi qu’une partie d’Algérie, du Mali et du Maroc.

La tradition orale rattache  l’apparition de ce dialecte à l’arrivée des Banou Hassan  au Sahara Oet en Mauritanie. Les Banou Hassan constituent une tribu arabe nomade qui prend part à la «taghriba » (ruée vers l’ouest); et qui s’est traduite par des razzias et conquêtes des Banou Hillal au XIVe siècle. Ce qui a eu pour conséquence  des mutations sociales très radicales; tant qu’ils réussissent à assimiler les tribus maures des Sanhadja et à imposer leur dialecte, il en résulte  « l’amalgame des Hassan et des Sanhaja »et une hiérarchisation de la structure sociale.

«El  Hassaniya » constitue un élément fédérateur qui incarne le symbole de l’unicité culturelle de nos jours. Les tribus guerrières, maraboutiques, ou encore vassales l’usent pour communiquer entre eux. Ce parler est devenu « langue du commerce et des échanges » , mais pas seulement… A suivre! 

Leila A

 

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