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Conte – Nahferlek kabrek bi fes min dhaheb – Suite et fin – La revanche

femme20de20bou20saadaLa voisine qui avait tout compris, eut pitié de la pauvresse et décida de changer le cours de sa vie.  Restée seul avec Zina, la vieille femme lui prit les main en disant:

-« Je veux t’aider. Nous allons, toi et moi, mettre à l’épreuve la promesse de ton cousin et mari. »

-« Je veux bien mais je n’ai pas de temps à perdre. »

-« Tu verras qu’à partir de cet instant, tu va avoir tout le temps que tu voudras. »

-« Que dois-je faire ? »

-« Fais ce que je te dis de faire et tout ira bien. »

Après avoir enduit  le visage de Zina de safran et accentué les cernes de suie, la hadja lui ordonna de s’allonger dans son lit et de faire la malade qui a perdu l’usage de la parole.

Quand Brahim, revint le soir, il eut la surprise de trouver Zina alitée.

-« Que t’arrive-il ? lui demanda-t-il, ce n’est pas dans tes habitudes. Lèves-toi vite ! Tu as du travail à terminer. »

La vieille femme intervint alors, pour lui dire: 

-« Zina s’est évanouie : elle est si malade qu’elle a perdu la parole. »

-« Non! protesta Brahim, ce n’est  pas dans ses habitudes d’être malade. »

-« Et pourtant !  Je crois même que c’est la fin, crois-en mon expérience, mon fils : son heure est arrivée. »

-« Que la volonté de Dieu soit, reconnut Brahim. »

La Hadja passa aussitôt à la seconde étape de son plan en lui rappelant la promesse faite à Zina :

-« Ta femme m’a chargée de te rappeler la promesse de lui creuser sa tombe avec une pioche en or. »

Brahim éclata d’un rire tonitruant, avant de dire :

-« Ma cousine faisait de beau tapis certes, mais elle ne comprenait rien à la vie. Elle croyait vraiment que je creuserai sa tombe avec une pioche en or, AH ! AH !  AH ! « 

-« Ah ! s’exclama la vieille femme, que faut-il faire alors ? « 

-« Ma hadja, je te charge de l’enterrer… Juste un trou… les hyènes se chargeront du reste, lui répondit Brahim « 

-« Ce sera fait, promis la hadja »

Brahim s’empressa de quitter la maison, laissant là, les deux femmes. Zina qui avait tout entendu, comprit enfin, son erreur et vit son cousin sous son vrai jour : un menteur, un ingrat et un paresseux qui l’avait exploitée sans pitié. Elle quitta  à son tour le domicile, en compagnie de la vieille femme qui l’emmena dans sa demeure, juste en face de celle de Brahim.

Grâce au soin prodigués par sa protectrice, Zina reprit vite ses forces et retrouva sa beauté et toute la fraîcheur de son jeune âge. Tous les matins, la vieille femme guettait le départ de Brahim pour verser devant la porte une eau parfumée.

Intriguée par ce rituel, intéressé aussi, Brahim finit par interroger sa vieille voisine : 

– » Ma hadja, à qui appartiennent ces parfums exquis que tu jettes tous les matins ? « 

-« J’ai chez moi ma nièce: une jeune veuve qui a été élevée dans le bien et qui a été gâtée par son feu mari que Dieu ait son âme. »

-« Serait-elle à marier ? « 

-« Surtout pas avec toi, mon fils, j’ai vu ce que tu as fait à ta pauvre cousine. »

-« Ce n’est pas la même chose. J’ai beaucoup d’argent. Je rendrai ta nièce très heureuse en lui offrant tout le luxe auquel elle est habituée. »

-« Je veux bien, lui dit-elle, mais à une condition. »

-« Laquelle ? s’empressa de demander Brahim. Je ferai tout ce que tu me demandes. »

-« Ma nièce, c’est toi qui la servira jusqu’à la fin de sa vie. »

-« J’accepte répondit Brahim ! Je serai son esclave. »

Avertie par la hadja, Zina joua le jeu. Brahim l’épousa une seconde fois sans le savoir et fut heureux d’avoir une jeune et belle femme. Il tint sa promesse et servit fidèlement son épouse.

Lorsque Zina prenait son bain, Brahim écoutant l’eau couler sur son corps, disait sans jamais se douter qu’il s’agissait de sa cousine Zina, celle qui faisait les plus beaux ouvrages de laine en attendant d’être enterrée dans une tombe creusée avec une pioche en or.

-« Mlih, mlih, hata mah fouk jisdou issih (Belle, vraiment belle et l’eau chante sur son corps.)

La vieille hadja rendait souvent visite au couple qui vivait heureux . Elle disait à Zina : 

-« Ce n’est que justice, l’argent t’appartient, c’est le fruit de ton dur labeur. Profites-en autant que tu veux. »

 

Sources: Contes du terroir Algérien – Editions Dalimen.

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