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Conte – Khlela Fadha – Suite et Fin – Les sept cavaliers

sept cavaliersLa jeune fille sortit pour laver, cuisiner et manger puis aller dans sa cachette sans se rendre compte que le jeune homme l’observait. Il fut ébloui par sa beauté. Il la voyait évoluer dans la maison et ne put l’interroger. Lorsque ses frères revinrent à la maison, il eut beaucoup de mal à leur décrire ce qu’il avait vu.

« Houria min ejjena. el ayen zerka oua lkhad ouarka » (une houri du paradis, l’œil bleu et la joue pétale (de rose) étalé).

L’aîné qui était sage et avisé, décida de monter la garde lui-même, le jour suivant. Quand Khelala Fadha se montra, l’homme surpris, lui posa la question: 

-« Ins oua illa jen?  » (Humain ou génie?) 

-« Ins oua khayr el jens oua nkoul la illaha illa allah!  » (Humaine et de la meilleure essence et je dis qu’il n’y a de Dieu que Dieu! )

-« Explique-moi alors ta présence dans notre antre qu’aucun humain n’a pu violer!

Après avoir écouté l’histoire de la jeune fille, l’aîné des sept frères, décida de l’adopter. A partir de cet instant, tu es ma fille et mes frères sont tes oncles. Tu vivras avec nous, ici dans notre grotte. 

Khlela Fadha accepta. Elle s’occupa des frères qui le lui rendirent en tendresse. Tout allait très bien lorsqu’un jour, un pauvre homme qui passait par là, demanda l’hospitalité. La jeune fille reconnut sous les traits usés, son propre père. Elle le gâta du mieux qu’elle put et lui offrit une galette pour le voyage du retour. Elle prit soin de fourrer la galette de pièces d’or.

Quand le père raconta la chose à son épouse, en lui montrant le don généreux que la jeune fille lui fit, la marâtre alla interroger le soleil pour confirmer les dires du père et savoir où se trouvait exactement  la jeune fille. La réponse fut sans équivoque:

-« Khlela Fadha qui habite la grotte est toujours plus belle que nous deux! « 

Alors, sans attendre elle demanda au père de retourner dans la grotte mais avec sa propre fille à laquelle, elle recommanda de bien inspecter les lieux et les richesses de Khlela Fadha. Elle lui donna aussi un peigne en lui disant:

-« Quand tu auras acquis la confiance de Khlela Fadha, utilise se peigne pour démêler ses cheveux et plante chacune de ses dents dans le crâne de celle qui continue à me narguer. Le poison fera le reste. »

Une fois rendue auprès de Khlela Fadha, la jeune fille appliqua tous les conseils de sa mère et Khlela Fadha mourut empoisonnée. Les frères furent inconsolables. Ils la mirent sur un palanquin décoré (jehfa) qu’ils placèrent sur le dos de leur chamelle préférée n’obéissant qu’à un seul ordre. Il suffisait de dire « Aini » pour la voir exécuter la tâche.

Aini promenait ainsi, Khlela Fadha toute la journée dans les espaces connus d’elle et rentrée le soir.

Un jour, alors que la chamelle traversait un village, elle entendit un enfant pleurer en disant: 

-« Aini ! Aini ! »

Aussitôt la chamelle s’arrêta et déposa son fardeau. Les gens découvrirent Khlela Fadha inanimée. Ils furent émus par tant de beauté et jugèrent prudent d’en avertir le roi. Une vielle femme qui possédait de l’avis de tous, les remèdes les plus efficaces, fut convoquée. Elle observa la belle endormie et dit:

-« Je peux la guérir, mais qu’aurai-je en échange? « 

-« Je ferai de toi la femme la plus riche du royaume, promit le roi. « 

– » Je voudrait alors du miel assel beniyeni (une qualité de miel) et du beurre frais baraté par une jeune fille pure. »

La guérisseuse mélangea le miel et le beurre, puis se mit à masser le corps de la belle endormie avec le baume obtenu. Elle massait en commençant par les pieds et en remontant jusqu’à la tête où elle retrouva plantés dans la peau, les dents du peigne empoisonné. Elle entreprit alors de les extraire une à une. La dernière dent retirée, Khlela Fadha ouvrit les yeux et soupira comme si elle se réveillait d’un long sommeil.

 » Miracle ! «  s’écrièrent les gens.

« Je veux cette belle comme épouse, décida le roi sur le champ! « 

-« Je suis honorée, grand roi, mais j’ai une condition, exigea Khlela Fadha! « 

-« Il te suffit de demander, répondit le sultan ravi.

– » Je veux encore faire une promenade, la dernière sur le dos de ma chamelle. »

-« Qu’à cela ne tienne ! dit le roi, et tu seras escortée par ma garde particulière. « 

Une fois sur le dos de la chamelle, Khlela Fadha murmura dans l’oreille de la bête: 

– » Aini, lève-toi et cours le plus vite possible à la grotte des sept frères! « 

Aussitôt la chamelle se leva et fila comme l’éclair. Elle courait si vite  qu’aucun cheval ne put la rattraper. Arrivée dans la grotte, la chamelle s’arrêta et les frères retrouvèrent Khlela Fadha bien en vie mais pleine de rage contre celles qui avaient voulu la tuer.

-« Je veux qu’on élimine cette jeune fille ordonna Khlela Fadha et punir sa mère qui n’a jamais cessé de me faire souffrir. »

Les frères chargèrent Aini d’abandonner la méchante fille dans le grand désert pour terminer sa vie avec ceux qui lui ressemblaient: les serpents et les scorpions. La mère qui attendait le retour de sa fille, ne la revit jamais plus et mourut de chagrin.

C’est alors que le soleil apprit à Khlela Fadha qu’elle était ma seule belle et qu’elle pouvait épouser le roi qui se mourrait d’amour pour elle. Elle exigea la présence des sept frères. Quant à Aini, elle était consacrée monture exclusive et officielle de la reine.

 

Source:  Contes du terroir algérien – Editions Dalimen .

Illustration: Sept cavaliers Aquarelle et gouache – Hassan EL GLAOUI

 

 

 

 

 

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