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Conte du jeudi – Chart bent essoltan

8a689c5dd4485cd3022665e094edadc1C’est l’histoire d’une princesse que son père, un puissant sultan, refusait de voir mariée. Il l’aimait tellement qu’il voulait la garder auprès de lui.

Un jour, au dernier prétendant, il proposa :

-« Je t’accorderai la main de ma fille si tu m’apportes la pomme de Alia, la fille de Mansour, qui vit au-delà des sept mers, les pommes parfumées qui redonnent la vie et transforment le vieillard en jeune. (toufah Alia bent el Mansour elli sakena min ouar seb’bhou, etoufah elli fouh oua roud errouh oua roud chayeb chbab). »

Le prétendant alla voir le moudabbar qui, après un moment de réflexion, lui dit : 

-« Je t’aiderai à rapporter la pomme de Alia, la fille de Mansour à condition que tu me donnes quelque chose bien à toi. »

-« Je te donnerai tout ce que tu voudras, trouve-moi seulement la solution, répondit l’homme. »

-« Alors donne-moi une de tes oreilles et je te dirai ce qu’il faudra que tu fasses. »

Le prétendant accepta et donna son oreille au moudabbar qui lui dit : 

-« Choisis sept beaux morceaux de viande et ensuite va voir l’aigle blanc qui niche en haut de la montagne blanche que ne franchit aucun routier ni ne vole aucun voleur. (Fi ras erragouba el baydha, elli la youtroukha tarek ouala sarek.) Dis-lui de t’emmener au delà des sept mers et qu’en échange, tu le nourriras durant tout le voyage, dis-lui bien que c’est pour rapporter la pomme de Alia la fille de Mansour, il acceptera. »

Le prétendant courut chez l’aigle avec les sept morceaux de viande.  Le marché conclut l’aigle l’emmena et il revint très vite avec la pomme de Alia, la fille de Mansour, qui vit au-delà des sept mers. Il alla aussitôt chez le sultan qui lui dit :

-« Ecoute mon fils. Il y a un autre prétendant à qui j’ai demandé l’impossible… Mais il faut quand même attendre… On ne sait jamais. »

Au deuxième prétendant, il fut demandé de rapporter un fagot de bois sur le dos du lion. Comme le premier, il alla demander au moudabbar de l’aider à réaliser cet exploit. Et comme au premier le moudabbar demanda une oreille en échange de ses conseil. Il la lui donna et l’autre lui dit : 

-« Choisis le plus beau des moutons. Egorge-le, dépèce-le et place le devant la tanière du lion. Fais ceci durant seps jours et ensuite tu verras. » 

Le deuxième prétendant suivit à la lettre les paroles du moudabbar. Le septième jour il entendit le berrah crier sur la place publique : 

-« Oh hommes ! Le roi de la forêt vous dit que celui qui l’honore chaque matin de ce festin si somptueux se fasse connaître ! Tous ses désirs seront exaucés. »

Le prétendant se présenta au lion et lui dit : 

-« Oh roi de la forêt, je veux épouser la fille du sultan et celui-ci me demande l’impossible. »

-« Que veut-il ? Dis-le-moi, lui répondit le lion. »

-« Pardonne-moi Oh lion, mais il voudrait que je rapporte un fagot de bois sur ton dos »

-« Hem ! dit le lion J’ai promis que j’exaucerai les désirs de celui qui m’a si bien nourri pendant sept jours Je n’ai qu’une parole, alors allons-y ! »

Et le lion alla avec lui jusque chez le sultan, un fagot de bois sur le dos… Mais le sultan lui apprit qu’il y avait un autre prétendant à qui il avait demandé l’impossible et qu’il fallait attendre. A ce troisième, il fut demandé de rapporter le lait de la lionne dans une outre faite  avec la peau de son lionceau. Comme le premier et le deuxième prétendant, le troisième courut vers le moudabbar et lui dit :

-« Aide-moi, je te donnerai une oreille et même deux car je veux vraiment épouser la fille du roi. »

-« Une seule oreille suffira, lui répondit-il. Pendant sept jours, tu offriras un festin à la lionne qui est à tel endroit… Elle vient de mettre bas… Au septième jour, elle acceptera de te donner du lait, elle en aura plus qu’assez pour ses petits. Lorsqu’elle sera repue et qu’elle s’endormira profondément, tu iras lui dérober un des lionceaux. Emmène-le chez toi, égorge-le et travaille sa peau pour en faire une outre. Tu y mettras le lait. »

Ce troisième prétendant fit exactement ce que lui conseilla le moudabbar et sept jours plus tard il revint chez le sultan tenant l’outre pleine de lait.

Le sultan discutait avec un quatrième prétendant… Pendant ce temps le moudabbar montant sur son âne à l’envers, se promenait en ville en chantant : « ana jit oua fi dar essoultan hatit, bentou khdit ou fi malou sbaht chrik » (je suis venu et dans la maison du sultan j’ai élu domicile, j’ai épousé sa fille et je suis devenu associé à tous ses biens ! )

Le sultan ayant eu écho de ses dires, ordonna qu’on ramenât ce fou jusqu’à lui, sur le champ, afin qu’il mette fin à sa vie. On le lui ramena… Tous les prétendants étaient là… Alors, le sultan s’adressant au moudabbar, lui dit :

-« Toi qui prétend faire partie de ma famille, sais-tu que tu va mourir aujourd’hui. Regarde ses hommes ! Ils ont tous accompli l’impossible et je n’ai accordé la main de ma fille à aucun d’eux. Et toi !… Toi qui ne t’es même pas présenté à moi, tu prétends faire partie de ma famille ! As-tu quelque chose avant de mourir ? « 

Le moudabbar lui répondit alors :

-« Oh sultan ! Si ce n’était pas moi, jamais celui-là n’aurait rapporté la pomme de Alia, la fille de Mansour qui vit au-delà des sept mers. Et celui-là, c’est moi qui lui ai expliqué ce qu’il fallait faire pour rapporter du bois sur le dos du roi de la forêt. Et cet autre-là, c’est encore moi qui lui ai montré ce qu’il fallait faire pour rapporter le lait de la lionne dans une outre faite avec la peau de son lionceau ! »

Les autres s’écrièrent :

-« C’est faux !… Ce n’est pas vrai !… C’est un menteur et un vantard !… Il faut le punir sur le champ ! »

-‘J’ai la preuve de ce que je viens de dire, dit le moudabbar. Oh mon sultan ! Si vous voulez bien vérifiez s’il ne manque rien à ces hommes. »

Le sultan s’empressa de le faire et découvrit qu’effectivement, il manquait une oreille à chacun d’eux. Le moudabbar sortit les trois oreilles d’une petite boite expliquant qu’il en avait demandé une à chacun, en échange de ses conseils avisés pour accomplir chacun des exploits. Et il ajouta :

-« Ne suis-je pas le plus méritant ? J’ai prouvé que je pouvais accomplir tous les exploits possibles sans même risquer ma vie. N’est-ce pas suffisant pour que vous m’accordiez la main de la princesse, votre fille ? »

Le sultan accepta et maria enfin sa fille en se disant qu’il ne trouverait jamais un homme aussi rusé et intelligent que lui…

Source : Contes du terroir algérien – Editions Dalimen

 

 

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