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Cela s’est passé un 7 janvier 1957, le début de la bataille d’Alger

bAu congrès de la Soummam, le 20 août 1956, les combattants du Front de libération nationale (FLN) décident d’élargir le théâtre de leur lutte. Pour donner un retentissement international à leur guérilla à l’approche du débat sur l’Algérie, qui doit se tenir aux Nations unies, ils ne frapperont plus seulement les zones frontalières et les montagnes, mais cibleront également Alger.

 

Le 30 septembre, deux bombes font quatre morts et une cinquantaine de blessés au Milk Bar et à la Cafétéria, deux cafés de la capitale. Les discussions secrètes qui se sont tenues durant l’été à Rome et à Belgrade entre les autorités coloniales et les indépendantistes sont bel et bien enterrées. Des deux côtés, on est désormais convaincu que la seule solution, c’est le bras de fer.

Depuis le 5 février 1956, Guy Mollet, membre de la Section française de l’Internationale socialiste (SFIO), est à la tête du gouvernement. À son initiative, l’ensemble des formations représentées au Parlement, à l’exception du Parti communiste (PCF), votent, en mars, la « loi sur les pouvoirs spéciaux», qui permet au ministre résident en Algérie, Robert Lacoste, de donner toute latitude à l’armée : autorisation d’arrêter quiconque présentant un profil dangereux (moyennant une signature du secrétaire général de police), de perquisitionner de jour comme de nuit et de mener des interrogatoires… Un texte qui entre en application le 7 janvier 1957. C’est le coup d’envoi de la bataille d’Alger : ce jour-là, 8 000 hommes de la 10e DP, la division parachutiste, débarquent dans la ville. Ils reviennent d’Égypte où, en novembre, ils ont vainement tenté d’empêcher la nationalisation du canal de Suez par Nasser. Leur mission : « pacifier l’agglomération ». Ils sont commandés par le général Jacques Massu, revenu d’Indochine dix ans plus tôt. « Sainte Mélanie [la sainte fêtée ce jour-là, NDLR], priez pour le nouveau commandant militaire d’Alger ! », écrit-il dans son carnet, le 7 janvier 1957. Cet ancien commandant de la 3e compagnie du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad est assisté de quatre colonels.

Entre autres moyens pour rétablir la paix, les parachutistes quadrillent la ville et cernent de barbelés la Casbah, où le FLN a tissé un réseau de 1 500 membres éparpillés parmi les 70 000 habitants du vieux quartier populaire. Ils traquent les « terroristes », fichent les locataires de certains immeubles, en interrogent d’autres pour savoir où sont cachées les bombes, et recourent parfois à la torture : baignoire, « gégène » (torture à l’électricité), pendaison par les membres. Certains nationalistes sont jugés par des tribunaux militaires, quand d’autres sont sommairement exécutés. Un « art de la guerre » rapidement dénoncé, notamment par le général Jacques Pâris de la Bollardière, qui demande, en mars, à être relevé de ses fonctions.

Le FLN riposte le 28 janvier en décrétant une grève générale de huit jours. Les commerçants auront à peine le temps d’observer la consigne : le jour même, les « paras » ouvrent de force le rideau de fer de leurs boutiques. La suite est une succession d’attentats aveugles du FLN et de représailles de l’armée coloniale. Explosions aux stades d’Alger et d’El-Biar en février : 10 morts et 34 blessés. Attentat du casino de la Corniche en juin : 8 morts et plus de 100 blessés. Petit à petit, l’armée française démantèle les réseaux du FLN. En septembre, les paras mettent la main sur Yacef Saadi, chef FLN de la zone autonome d’Alger. C’est la fin de la bataille d’Alger, que le général Massu a remportée… moyennant la disparition de quelque 3 000 suspects et l’assignation à résidence de 24000 personnes.

 

Par Marianne Meunier

Publié le 07/01/2008 dans https://www.jeuneafrique.com

Illustration : photographie d’Alger (été 1957) : défilé militaire de la 10e division parachutiste du général Massu durant labataille d’Alger.

 

 

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