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Cela s’est passé un 25 novembre 1956 … Naissance de Amine Zaoui

Amine ZaouiIntellectuel, auteur bilingue et traducteur (arabe, français et espagnole), Amine Zaoui est taxé de provocateur parce qu’il écrit sans censure et sans mentir. Pour lui, l’écriture rime avec plaisir et liberté.

Né le 25 novembre 1956 à Bab El-Assa, à Msirda (Tlemcen), Amin Zaoui entame ses études primaires au Maroc, entre 1965 et 1972, avant d’intégrer le lycée Benzerdjeb à Tlemcen. Il poursuit, par la suite, ses études universitaires à Oran où il obtient une licence à l’institut de littérature arabe.  Il rejoindra plus tard l’université de Damas pour continuer ses études et c’est entre cette ville et celle d’Alger qu’il écrit et publie, entre 1981 et 1985, ses premières nouvelles : « Wa ya-dji-ou El-mawdjou imtidadan » (Les vagues comme prolongement…), « Kayfa ta-ir El-Fenix el-bahr el-Moutawassat » (Comment le Phénix a traversé la Méditerranée), « At-Tarras » (L’Homme) et le roman « Sahil El-Djassad » (Le hennissement du corps). Ce dernier titre sera interdit de diffusion en Syrie, de même que As-Sama Athamina (Le huitième ciel) (Palais de la culture, Oran, 1993, puis OPU, Alger, 1994) sera brûlé par les intégristes à l’Ouest.

Après avoir décroché un doctorat d’État en littératures maghrébines comparées à Damas, Amin Zaoui rentre à Oran où il est enseignant au département des langues étrangères. Et tout en étant producteur et animateur de l’émission de télévision Aqwass (Colonnes) jusqu’en 1995, il occupe la fonction de directeur du Palais des arts et de la culture d’Oran.

Suite à de lourdes menaces terroristes, il bénéficie, en 1995, d’une bourse du Parlement international des écrivains et s’installe avec toute sa famille à Caen, une des villes-refuges du réseau.

Dans cette ville, Zaoui écrit deux récits en langue française qui seront publié en un seul recueil, aux éditions du Serpent à Plumes : « Sommeil du mimosa » qui raconte la vie sans issue de Mehdi, un croque-mort au poste convoité en ces temps de massacres et « Sonate des loups », l’histoire de Bakh, un écrivain désespéré qui voit tomber un à un ses amis et décide de fuir les atrocités. L’un et l’autre récit ont pour cadre Oran et pour contexte la tragédie.

Son passage à la langue française est pour lui une aventure. Enseignant à l’université, il souhaite toucher le lecteur français. Mais il tient à préciser qu’il n’écrit pas comme un Parisien. Il use de cette langue tout en lui donnant un cachet algérien. Il explique dans un entretien que Malek Haddad l’avait beaucoup encouragé à écrire dans cette langue, alors qu’il était directeur de la revue Promesse. Zaoui, lycéen, lui envoyait ses textes qu’il juge aujourd’hui de qualité moyenne, en avouant qu’il repense aux encouragements de Malek Haddad chaque fois qu’il écrit en français.

Et il poursuit cette aventure linguistique avec d’autres romans, dont « La Soumission » (roman, édition le Serpent à Plumes, Paris, 1998), (Prix Fnac Attention talent et Prix des lycéens de France) ; « La Razzia » (roman, éditions le Serpent à Plumes, Paris, 1999) et « Haras de femmes » (roman, éditions le Serpent à Plumes, 2001).

Amin Zaoui rentre en Algérie en 2000 et reprend son poste d’enseignant à l’Université d’Oran, avant d’être nommé, en septembre 2002, directeur de la Bibliothèque nationale. Sous son impulsion et jusqu’en 2008, ce lieu connaît une effervescence jamais égalée : conférences, colloques et rencontres littéraires foisonnent. Des intellectuels de différents pays et horizons sont invités à son café littéraire hebdomadaire. Il sera limogé pour des raisons politiques subjectives et reprendra l’enseignement en littérature comparée, à la faculté centrale d’Alger. Il anime une chronique littéraire intitulée Souffles, dans le quotidien Liberté et continue à publier, en arabe et en français, des romans qui plongent dans le subversif, le charnel, le tabou.

Provocateur, Amin Zaoui avoue « La chose la plus noble, la plus vivace et la plus fragile en nous c’est l’amour. Je suis l’écrivain des femmes et de l’amour dans un pays où, de  plus en plus, on cultive la haine et l’injustice envers les femmes. Je suis le fils de ma mère, le père de ma fille et l’amant de ma femme ! Même dans les jours les plus  dures comme ceux des guerres atroces, l’amour des femmes, les trahisons et les fidélités demeurent. »

Aussi, il affirme écrire en arabe pour libérer cette langue et écrire en français pour se libérer lui-même. « Mon objectif à travers ma façon d’écrire, c’est d’arriver à réconcilier la langue arabe avec la pensée moderne, avec le nouveau style (…) C’est aussi une manière d’insuffler à cette langue une mémoire de résistance et une dimension contemporaine.

Plusieurs de ses romans son traduits en une douzaine de langues. Son dernier-né, « Kable el-houb bi kalil » (Peu de temps avant l’amour) est récemment sorti aux éditions El-Ikhtilef.

Synthèse Zineb Merzouk

Sources :

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