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Cela s’est passé un 2 mai 2003 … Décès de l’écrivain Mohammed Dib

mohNé à Tlemcen en 1920, Mohammed Dib est l’un des plus grands et des plus prolifiques écrivains maghrébins.

Mohammed Dib naît le 21 juillet 1920 à Tlemcen, dans une famille d’artisans. Il commence ses études, exclusivement en français, dans sa ville natale puis à Oujda au Maroc. Et dès l’âge de 12-13 ans, il s’initie au tissage et à la comptabilité, tout en poursuivant l’école.

Dib commence à écrire et à peindre peu de temps après le décès de son père. Mais sa rencontre avec l’instituteur français Roger Bellissant, qui deviendra plus tard son beau-père, le conforte dans la voie de l’écriture. Et avant d’écrire réellement, il enchaîne d’abord différents métiers qui vont forger sa plume, sa conscience et sa critique.

Entre 1938 et 1940, il est instituteur à Zoudj Bghel, près de la frontière marocaine. Puis comptable à Oujda au service des Subsistances de l’Armée. En 1942, il est requis au Service civil du Génie. Entre 1943 et 1944, il est interprète franco-anglais auprès des armées alliées à Alger.

Mohammed Dib travaille aussi comme employé des chemins de fer, comme journaliste, notamment à Alger républicain, et dessinateur de maquettes de tapis. C’est ainsi qu’il fréquente et baigne dans différents milieux de la société, côtoyant les petites gens et le petit peuple en général. C’est lors de ces expériences qu’il se forge un regard critique et un bon sens de l’observation qui lui serviront particulièrement lorsqu’il se met à écrire.

Et justement, son talent est reconnu dès ses premiers écrits. Lorsqu’il est contraint de s’exilé, en 1959, et qu’il s’installe en France,  il est, pour l’intelligentsia française, l’une des consciences les plus vives de l’Algérie en lutte pour son indépendance.

Il commence ainsi à construire une œuvre féconde et diversifiée entre romans, poèmes, nouvelles, essais, contes pour enfants et pièces de théâtre. Il écrit avec une régularité surprenante, retranché dans son appartement et loin de toutes mondanités. Son œuvre se construit petit à petit et des connexions se répandent entre la poésie et la prose, se contaminant et s’enrichissant, dans sa langue d’adoption, le français. «Je me suis découvert et fait avec cette langue (…) La traversée d’une langue est une recherche de soi. Je suis toujours en marche vers cet horizon. Chaque livre est un pas de plus», confie-t-il à un journaliste.

S’inscrivant dans une vision littéraire universelle, il explore cette langue à travers une longue traversée qui le mène à travers différentes cultures et identités. La sienne en premier lieu, puis celles de contrées éloignées. « L’œuvre dibienne, née dans et de la conjoncture historique que l’on sait a, dès le départ, été impulsée par la nécessité vitale de se définir par rapport à l’Autre : le colonisateur qui lui niait toute qualité et lui enjoignait de s’assimiler à lui ou de se taire. Mais, par delà les conditions particulières d’émergence de cette littérature, la quête d’identité inscrite dans la dialectique du Même et de l’Autre est consubstantielle de toute création artistique avec sa double tension vers le particulier identitaire et vers le général universel. » (Naget Khadda)

Mohammed Dib décède le 2 mai 2003 en France, laissant à la postérité l’une des plus belles productions littéraires maghrébine, avec près d’une quarantaine de publications et plusieurs prix, dont le Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française en 1994 (il est le premier maghrébin à l’obtenir).

Sa trilogie « La grande maison », « L’incendie » et « Le métier à tisser », sont les plus connus chez nous. A lire absolument pour comprendre comment vivaient les algériens durant la seconde guerre mondiale. Les descriptions y sont précises et minutieuses. Mais il est dommage que ses autres écrits ne soient pas plus mis en valeur, dans nos librairies et dans nos manuels scolaires. Il est regrettable de confiner Dib dans trois livres, aussi importants soient-ils…

Zineb Merzouk

Sources :

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