Présidée lors de sa création en 1972 par l’historien malien Sekéné Mody Cissoko, l’Association des Historiens Africains, a pour objectif principal de promouvoir les recherches des spécialistes africains sur le Continent Noir.
Le congrès des historiens africains, initié par de l’Association éponyme; et qui s’est tenu du 28 au 30 décembre 1972 à Dakar, rend compte de cette démarche et prône l’action de « faire de l’histoire un outil de développement, une discipline devant favoriser la prise de conscience des Africains ». La principale action du congrès est la création de la revue annuelle Afrika Zamani, dont le premier numéro, formulé sous forme de comptes rendus du congrès, est paru en septembre 1973.
La ligne éditoriale d’Afrika Zamani
Editée par le Conseil pour le développent de la recherche en sciences sociales en Afrique, (CODESRIA) pour le compte de l’Association des historiens africains, la revue est financée par des bailleurs de fonds, mécènes et fondations. Elle fonctionne tel un réseau thématique de l’historiographie africaine. Par souci de diffusion, elle est éditée en anglais, français, arabe bien qu’à ses débuts, il y’a eu des essais en swahili.
D’origine arabe, le vocable Zamani, signifie en swahili d’antan. Ainsi, la revue pluridisciplinaire d’Afrika Zamani, est consacrée à l’histoire de l’Afrique et tend à proposer une lecture exclusivement africaine, car jusque là, les principaux travaux dédiés au continent étaient de sources étrangères, et pour la plupart coloniales. Il s’agit en somme, d’un instrument idéologique de propagande de l’esprit africaniste. En effet, « [ ] Les sociétés africaines étaient présumées sans histoire », parce que sans écriture (ce qui s’est révélé plus tard partiellement inexact, [ ] et l’histoire des sociétés africaines s’est avérée depuis lors aussi complexe et tourmentée que celle des autres continents » explique l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch.
L’usage de l’arabe (comme langue savante de diffusion) par des historiens africains à la période médiévale, a entretenu cette confusion. Nous citons parmi ces noms, Ibn Battûta, d’origines amazighes et Baba Ahmed de Timbouktu.
Le manque de sources écrites africaines s’est vite posé comme un problème majeur. Des articles portants sur les problèmes de méthodologies font état, mais les thèmes de la revue sont divers, allant de l’archéologie, la préhistoire, les royaumes africains anciens et la période coloniale. De prestigieux noms tel Alpha Oumar Konaré, Sékéné Mody Cissoko et Joseph Ki Zerbo sont associés à la revue.
Leila Assas
Bibliographie
- Denise Bouche, Comptes rendus Afrique Généralités , Outre-Mers. Revue d’histoire Année 1978 240 pp. 444-445
- Catherine Coquery-Vidrovitch, « L’historiographie africaine en Afrique », Revue
- Tiers Monde 2013/4 (n° 216), p. 111-127.
- www.codesria.org
- Carte de l’Afrique selon Eugène Andriveau-Goujon, 1880