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1er Mai 1945, manifestation et répression sanglante à Alger

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A Alger : Le 1er mai, quatre morts et plusieurs blessés à la manifestation patriotique organisée par le Parti du Peuple Algérien (PPA).

Ahmed Bouda, un des dirigeants du PPA à l’époque, raconte : « Nous avons réparti les militants en trois groupes :

  • Groupe de Belcourt et des environs, rendez-vous Place du Gouvernement (place des Martyrs)
  • Groupe de la Casbah, rendez-vous à Sidi Abderrahmane 
  • Groupe El Biar–Birkhadem, rendez-vous devant la prison de Serkadji 

Les groupes devaient prendre le départ à 17 heures et converger vers la rue d’Isly (…).Ordre formel avait été donné aux militants de ne porter aucune arme, même blanche, mais de se munir de la carte d’identité. Ils scandaient les mots d’ordre du parti (…) et marchaient pacifiquement, drapeau déployé en tête du cortège.

Dans la Grande Aventure d’Alger républicain, on peut lire les souvenirs de Boualem Khalfa, alors militant du PPA qui sera plus tard directeur d’Alger républicain et membre de la direction centrale du Parti communiste algérien (PCA) :

«  Dans l’après-midi du 1er mai, il participe avec ses amis du PPA à la manifestation organisée à Alger. Sous la couverture des Amis du Manifeste, le PPA a appelé ses membres et sympathisants à défiler indépendamment de la CGT. Khalfa fait partie du cortège qui, de la Basse-Casbah, doit en fin de parcours rejoindre la Grande-Poste celui de la CGT. Les consignes données sont très strictes : pas d’armes, « pas même une épingle » ont formellement recommandé les dirigeants pour éviter toute provocation. Les mots d’ordre lancés sont précis et peu nombreux. L’un d’eux proclame « Liberté pour tous » et un autre, qui revient très souvent, demande la libération des détenus politiques et notamment celle de Messali Hadj. Au cours de la manifestation tout à coup, de façon plus ou moins spontanée, un cri libérateur, scandé bientôt par la foule tout entière : « Yahia el Istiqlal ! » (Vive l’Indépendance) et, soudain au-dessus des têtes, le drapeau algérien interdit est brandi.

Dans la rue d’Isly (Larbi Ben M’Hidi), à la hauteur du Casino, tout près du siège de la XXème Région militaire, les forces de l’ordre barrent la route au cortège. Et, brusquement, sans semonces, les policiers ouvrent le feu. Les pavés se tachent de sang. Un des responsables de la daira (district) du PPA, Mohamed Belhaffaf, est tué par l’une des premières rafales. Trois militants, Abdelkader Ziar, Mohamed Laïmèche, et Ahmed Boughmalah sont eux aussi mortellement touchés. Sept autres, emportés par des amis, ne survivront pas à leurs blessures. Des dizaines d’hommes ensanglantés, soutenus par des manifestants valides, tentent de trouver refuge dans les couloirs et sous les portes cochères des immeubles avoisinants. Boualem Khalfa, dans le groupe de tête a vécu tout cela et il ne pourra pas l’oublier. »

Dans la foule descendue de la Casbah, il y avait le jeune Taleb Abderrahmane, 15 ans, qui deviendra, en 1956, le chimiste de l’ALN. Il fabriquera les bombes qu’utilisera la Zone Autonome en riposte aux attentats perpétrés sous les ordres du gouvernement français de Guy Mollet avec son ministre résident, Robert Lacoste. Condamné trois fois à mort, Taleb Abderrahmane a la tête tranchée, le 24 avril 1958, à la prison de Serkadji.

Mohamed Rebah

Auteur de Taleb Abderrahmane guillotiné le 24 avril 1958. Editions APIC. Alger, avril 2013.

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